Au crépuscule ne risque pas de contenter ceux qui jugent le cinéma de Sharunas Bartas ennuyeux comme la pluie (pour rester poli). En revanche, il devrait séduire ceux qui placent le cinéaste lituanien au plus haut, du côté de Bela Tarr, par exemple, voire de Tarkovski. Le thème du film est plus qu'intéressant dans la Lituanie rurale de 1948, alors que les Soviétiques dépossèdent les paysans de leurs terres, dans un contexte de grande pauvreté. En contrechamp, des partisans luttent dans la forêt et trahissent leur cause, parfois. Au crépuscule procède par allers et retours entre ces deux univers très proches géographiquement, par le biais d'un adolescent qui perd peu à peu de son innocence. C'est lent, contemplatif, nourri de plans fixes, de trognes spectaculaires et dépourvu ou presque de dialogues. Et toujours très cohérent dans une esthétique qui privilégie le vert et le gris, hormis quelques scènes éclairées à la bougie. Sans pouvoir être qualifié de radical et loin d'être inaccessible, le film ne fait cependant rien pour susciter l'émotion dans une morne mise en images en guise de signature. Au regard de son sujet et en dépit d'une action précipitée sur la fin, Au crépuscule ressemble beaucoup trop à ce que l'on peut attendre de Sharunas Bartas. On a le droit d'aimer ce cinéma intemporel et stagnant mais aussi de le trouver passablement monotone et assommant (toujours pour rester poli).