Ce film est un peu un intrus dans la filmographie de Eastwood. Je n'ai pas l'impression que le genre "fantastique" soit son domaine de prédilection.
Par ailleurs, je ne l'ai pas senti si à l'aise, Eastwood dans ce film et je l'ai plutôt vu poser des jalons ou des interrogations sur le sujet évoqué.
Trois portraits de gens qui n'ont rien à voir entre eux ni en catégorie sociale, ni en nationalité et ni même en histoire. Le seul point commun, c'est qu'ils sont de type caucasien (ça c'est pour les esprits chagrins qui pourraient me reprocher d'être plus explicite). Le petit père Eastwood aurait pu donc compliquer un peu plus la donne...
Donc trois portraits :
Le premier (Matt Damon), un ouvrier californien, toujours aussi peu expressif (mais là, ça va très bien) a des qualités de medium (un vrai, pas un charlatan) : mais converser avec la mort et dévoiler/révéler parfois des secrets enfouis sont devenus un calvaire quotidien auquel il tente vainement d'échapper.
La seconde est une journaliste française talentueuse (Cécile de France), qui fait l'expérience de la mort et qui a du mal à surmonter l'épreuve d'autant qu' elle fait face à un mur d'incompréhension. A travers l'écriture d'un livre, elle va essayer de conjurer son propre cauchemar.
Le troisième est un petit garçon londonien qui est traumatisé par la mort accidentelle de son frère qui était aussi et surtout son mentor.
Comme dans le "Cercle Rouge" de Melville (décidément, j'en reviens toujours là), tout ce petit monde est évidemment appelé à se retrouver un jour, quelque part.
Pour le moment, tout va bien dans le film, le spectateur que je suis est sur les charbons ardents car il ne voit pas trop comment ça va se terminer. Il y a des scènes très fortes pour chacun des trois protagonistes, le tsunami et Cécile de France, la séance de medium entre Matt Damon et une amie qu'il a rencontré dans un stage de cuisine italienne et le drame familial du petit garçon lié à la mort du frère.
C'est ce que je disais au début : Eastwood a posé des jalons, des pierres pour démarrer son film.
Sauf que derrière, il n'y a plus grand chose, on passe directement à la conclusion...
Sauf que la conclusion ne résout rien (ou pas grand chose) et que je reste sur ma faim. Pire, je n'arrive pas à imaginer une suite plausible, heureuse ou malheureuse dans ces diverses rencontres.
Ce film me donne l'impression (fâcheuse) qu'il y avait au départ un budget et un délai pour faire le film, ce qui est normal au demeurant : mais une fois les trois portraits achevés, le budget était atteint et il ne restait plus que trois jours pour finir le film. Le scénariste a été pressé de simplifier et de faire vite.
C'est infiniment dommage. Je resterai donc avec mes questions ...