Voilà un vrai grand film, l’un des derniers du passionnant Samuel Fuller, le cinéaste de l’affrontement, de la violence sèche et brute.
On suit ici le parcours d’une escouade de l’armée américaine (la « Big Red One ») durant la WW2, et plus spécialement de son chef, le toujours fabuleux Lee Marvin, et de quatre jeunes recrues.
Rien de plus classique me direz et bien non, car nous sommes chez Fuller, ce mec qui n’a peur de rien et qui dans chacun de ces films capte un petit quelque chose de l’être humain, ici ; ce qui choque ce sont les changements de tons. Les personnages étant d’un cynisme ahurissant, n’hésitant pas à se faire des crasses, la foudroyante réalité semblant avoir réduit leur humanité à néant, pourtant au milieu de ce quasi nihilisme ressort quelque chose de prodigieux, l’humanisme. Pas un humanisme de bas-étages qui nous ferait regretter un bon vieux massacre bien cynique, mais plutôt quelque chose qui relève du miracle que seul l’être humain peut accomplir comme l’avait déjà capté Leone dans Le bon, la brute et le truand quand Blondin la dernière des crapules arrête sa course au trésor le temps d’offrir son manteau à un mourant. Tout le film est l’exemple de cette scène qui trouve sa tête de gondole en la personne de Lee Marvin, qui est un bel enculé, menaçant de tuer quiconque reculera et n’hésitant pas à envoyer à une mort certaine un bleu pour une parole déplacée, pourtant c’est bien lui qui ce prendra d’affection pour un petit juif dans une scène sublime. Humanisme donc, mais toujours sous le fil du rasoir, Fuller massacre les bien pensants mais laisse survivre l’espoir, il n’a pourtant pas l’air de porter les hommes dans son cœur, c’est cette géniale ambiguïté qui fait d’Au-delà de la gloire ce qu’il est, un chef d’œuvre et de Fuller ce qu’il a toujours été, un réalisateur fascinant. Une fois de plus, Fuller dans le c** !

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le 14 juil. 2013

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Biniou

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