Cet été, ma petite sœur avait deux priorités : assister au festival Cinéma(s) d’Iran en juin et à la rétrospective Ingrid Bergman (son idole) à la Cinémathèque Française, qui est toujours en cours à l’heure où j’écris ces mots...
C’est donc dans ce contexte que l’on a vu Au-delà du feu de Kianoush Ayari : un film inconnu au bataillon, une fiche casi vide sur SC, et une affiche française introuvable. Vous pouvez d’ailleurs remercier Orpheus Black qui nous a tout de même déniché cette belle affiche en persan. C’est donc avec un esprit ouvert et en proie à l’émerveillement de la découverte que nous avons regardé le film.
L’histoire se déroule dans une région désertique d’Iran (d’où est originaire le réalisateur mais dont le nom m’échappe), où les habitants ont pour voisinage les puits de pétroles crachant des flammes. Un homme sortant juste de prison y rejoint son frère, et lui réclame sa maigre part de recette issue de la vente de leur terrain à la compagnie pétrolière. A partir de là s’en suit un affrontement à distance entre les deux frères, montant en crescendo, et où se retrouveront mêlés malgré eux, un petit livreur de lait et de sa sœur muette.
Le sujet apparait grave, et d’une certaine façon il l’est, mais le film est ponctué de pointes d’humour et de situation cocasses qui mettront en évidence une culture iranienne méconnue du peuple européen que nous sommes. Le dépaysement à lui seul vaut la peine de dénicher ce film. Les puits de pétrole faisaient partie intégrante de la vie de ces gens, géants de feu dont on ne pouvait s’approcher mais dont on appréciait la lueur la nuit tombée, symboles de « tant de richesse à côté de tant de pauvreté » se souvient Ayari (présent à la projection) avec une certaine nostalgie.
Le film a été tourné pendant la guerre Iran-Irak, et de ce fait la presse, a souvent interrogé Ayari sur le fait que son film ne parle pas de cette guerre, à l’inverse la plupart des films de l’époque. La réponse de celui-ci est que son film traite précisément le sujet de la guerre : l’affrontement de deux frères autour d’un prétexte dont l’importance a été occultée depuis longtemps après tant de violence et de cupidité. Le film se termine sur une note d’espoir, d’amour salvateur, un optimisme qu’Ayari reconnait ne pas ressentir quand on parle de la réalité. En attendant, on peut apprécier son travail, cet amour pour cette région et ce peuple dont il a voulu témoigner à travers cette dispute fraternelle parsemée de douceur et d’humour.