Véritable dérèglement mental, l’« Altered States » de Ken Russell se démarque par son soupçon psychologique et son angoisse visuelle. Tiré du roman de Paddy Chayefsky, « Altered States » nous conte un voyage dans le temps au cœur de la chair et des gènes. Le cerveau conscient est au présent, mais nous sommes un mélange de poussières d’univers, de créations diverses, d’évolutions de la nature. C’est sur ce constat que Edward Jessup (William Hurt), chercheur à l’université de Cornell, entreprend des recherches afin de soigner et comprendre en profondeur le phénomène schizophrène. Une réappropriation de l’identité, voilà le cœur de ses réflexions, et son unique but. Il conçoit ainsi un merveilleux caisson d’isolation sensorielle, permettant, lorsque l’on plonge un être éveillé dans le fluide qu’il contient, d’avoir des hallucinations durant lesquelles des parties endormies du cerveau se réveillent.
Comment rendre cette machine plus performante ? Comment la rendre éternelle ? Un ami lui conseille vivement de le suivre dans les montagnes mexicaines où il étudie les rites d’une population d’indigènes dépendante d’un champignon fortement hallucinogène, permettant à ceux qui l’ingèrent de vivre la création du monde. Intrigué, Edward suit son ami et absorbe le champignon. Ravi et effrayé par ses découvertes, il en rapporte dans son laboratoire afin de le coupler avec sa machine. Une nouvelle recherche aliénante commence, des fantasmes liés à son enfance l’entraînent alors dans une quête de son identité. Grâce à ce fluide nouvellement créé, Edward espère remonter aux origines de l’homme, à l’origine de l’univers connu. Est-ce possible ? Et si ça l’était, quelles en seraient les conséquences ?
En dire plus serait dommage pour le spectateur. La force de Ken Russell et ce qui fait sa particularité c’est sa passion pour l’impalpable, l’invisible et la psyché. La trame scénaristique résolument classique se permet des parties hallucinatoires ahurissantes. On pense parfois à la séquence de fin de 2001 : L’Odyssée de l’espace, mais les raisons pour lesquelles ces images nous interpellent sont bien différentes. Il ne nous montre pas un infini, mais un intérieur.
La suite de la critique sur le site Le Cinéma du Ghetto : https://lecinemadughetto.wordpress.com/2016/01/21/altered-states-1980/