Mardi 8 mai
Parallèlement à la Cérémonie d'Ouverture de la 71e édition du festival de Cannes, où était présenté Todos lo Saben (Everybody Knows) d'Ashgar Farhadi, a eu lieu au cinéma "al aperto" de la plage la projection de Au feu les Pompiers, de Milos Forman.
Cette "contre-soirée" pour tous les non-happy few qui n'ont pu assister à l'Ouverture dans le grand théâtre Lumière, a été l'occasion de rendre hommage au réalisateur, disparu il y a tout juste trois semaines (le 13 avril 2018).
Replaçons le film dans son contexte : Au feu les Pompiers est le dernier des films tchèques du réalisateur. Quelques années avant sa consécration hollywoodienne et ses deux Oscars pour Vol au dessus d'un nid de coucou et Amadeus.
Ce film satirique à l'humour cinglant est sorti pendant le Printemps de Prague, mais a rapidement été interdit dans son pays car le film était non-conforme aux standards communistes de l'époque ; les Soviétiques le désignant comme symptomatique de la dégénérescence système socialiste tchèque. Milos Forman dû s'exiler aux Etats-Unis.
Le film fut par ailleurs présenté en Compétition Officielle au festival de Cannes de Mai 68, mais n'y fut jamais projeté, le festival s'étant brusquement interrompu après quelques jours houleux.
Du côté de l'intrigue : dans les années 60, le bal des Pompiers est le centre d'attention de tout un village tchèque. Mais, entre vols à l'étalage, concours de beauté raté, et célébration du départ en retraite de leur président, les pompiers - un peu simplets, voire franchement idiots - sont débordés. Alors quand on annonce au feu, c'est la fin des haricots.
Tout est fait pour être laid, jusqu'aux Miss Beautés désignées d'office par des pompiers hagards. C'est de cette laideur que naît toute la réflexion sur la notion de pouvoir, celui qui abrutit les hommes. Pas étonnant que cela n'ait pas plu aux autorités.
Un film en huis clos qui n'échappe pas à certains défauts mais qu'on prend plaisir à découvrir !