On leur avait promis une fête mémorable. De ce point de vue les habitants de cette petite bourgade tchécoslovaque ne seront pas déçu. Ils s'en souviendront de ce bal des pompiers. Pour le reste rien ne sera à la hauteur des promesses. Ni le concours de beauté mettant en concurrence des jeunes filles toutes plus laides les unes que les autres, ni la tombola dont tous les prix disparaissent mystérieusement au nez et à la barbe du gardien.
Des promesses non tenues ça nous rappelle forcément toutes les politiques mises en place depuis que la politique existe. Etant que là on est en 1967 et en Tchécoslovaquie le film de Milos Forman apparait immédiatement comme une critique du communisme que le libérateur soviétique a apporté dans ses bagages en 1945. Une vingtaine d'année plus tard Forman constate que le communisme n'est pas la grande fête qui avait été annoncée.
Pas de peuple heureux vivant dans l'harmonie, mais plutôt une brigade de pompier s'écharpant sur tout et n'importe quoi. Incapable de prendre une décision unanime quant à l'organisation de ce bal. Et quid d'une distribution équitable des richesses? Et bien les richesses ont mystérieusement disparues, comme ces lots de tombola. Milos Forman édulcore son propos, en réalité il sait très bien qui a volé ces lots, et nous aussi…
Milos Forman nous livre ici un joyeux pamphlet pointant du doigt les dérives d'un système présenté comme idéal. Ultime provocation d'un réalisateur engagé qui prendra la direction d'Hollywood dès l'année suivante. Une année qui verra en son printemps les chars soviétiques entrer dans Prague pour mettre au pas une opposition grandissante. Un film passé largement inaperçu à l'ouest à cause d'un contexte social très agité (mai 68, manifestation anti-guerre du Vietnam…), le film commence à peine à être redécouvert. Et en voila un qui méritait d'être redécouvert!