Au feu les pompiers ! par Ciné Water
Au feu les pompiers ! est une oeuvre très particulière dans la filmographie de Milos Forman. Principalement par son aspect historique. Il s'agit en effet du dernier film tchécoslovaque de ce dernier.
Nous sommes en 1967, le film sort le 15 décembre. Le 5 janvier 1968 aura lieu ce que l'on nomme le Printemps de Prague. On sent déjà dans ce film une énorme critique de la société communiste en place en Tchécoslovaquie de l'époque. Et ce pour diverses raisons.
Le grotesque des situations si il est peut-être trop exagéré n'est pas dénué d'humour, bien loin de là. La critique politique commence par le côté qu'ont l'ensemble des pompiers, et simplement des gens en général, de toujours vouloir remettre la faute sur le dos d'un autre. Une belle parabole d'une société communiste n'acceptant jamais sa faute pour la simple raison qu'elle n'existe pas puisqu'elle ne peut avoir lieu.
Cette critique continue par l'apport de différent points comme le vol. Le chapardage est fort présent. On remarque bien le côté du chacun pour sa pomme dans cette vie où les produits manquent à l'appel, où les magasins sont vides, à l'intérieur d'un Etat communiste, par définition, se voulant axé sur le partage.
Ce film est constitué d'un ensemble de petites péripéties qui font son charme et qui ne ressemblent à peu d'autres.
On retrouve fort souvent au sein des films d'Europe de l'est de l'époque ce côté qu'ont les gens d'être perdus, perdus par rapport à leurs émotions d'hommes et de femmes qui sont inévitablement refoulés dans une société se voulant parfaite. La Reconstitution de Petille par exemple y ressemble pour ce point, même si l'humour est bien moins appréciable et accentué dans ce dernier, la critique se voulant différente.
J'apprécie particulièrement la poésie de deux scènes, le petit vieux dont la maison brûle sous ses yeux et surtout celle de ce même personnage s'endormant dans son lit déposé dehors dans la neige, qui là n'est en rien une critique, ne se voulant d'aucun écho si ce n'est d'une beauté "simple".
Pour revenir sur le point historique, bien entendu le film n'a pas plu au gouvernement en place, même si je ne trouve jamais ce qui lui est véritablement arrivé.
Selon des sources il fut interdit, selon d'autres le climat social de l'époque n'aurait pas laissé la possibilité de l'interdire directement mais la politique voulu l'étouffer.
En tout cas Forman fut accusé de "sabotage économique" risquant 10 ans de prison.
Durant un voyage en France, au festival d'Annecy, Milos Forman rencontra Claude Berri et François Truffaut. Ces deux derniers réunirent des fonds pour régler le problème. Peu de temps plus tard, Milos Forman était à Paris, préparant le budget de son prochain film qui se tournerait aux USA, pendant que les chars russes débarquèrent dans son pays.
Sa majestueuse carrière de cinéaste et d'enseignant américain commence ici.