Contemplant en silence les actes des hommes, l'âne Balthazar supporte le poids de leurs fautes et des malheurs du monde : "Au Hasard Balthazar", l'un des chefs d’œuvre de Robert Bresson, alors au sommet de son Art, et s'autorisant toutes les audaces, est sans doute son film le plus poignant... même si, indiscutablement, l'un de ses moins "aimables" (ceux qui sont réfractaires au style de Bresson rétorqueront sans doute qu'aucun de ses films n'est aimable...).
"Au Hasard Balthazar" est sans nul doute LE grand film sur le mal, sur le péché et sur le malheur, avec son histoire absolument terrible, contée - paradoxalement - avec une atonie apparente et qui plonge le spectateur dans l'effroi le plus noir. Voici un film à la fois impressionnant et déstabilisant, oscillant entre l'innocence et la faute, l'espoir et la fatalité : tout ce qu'on croyait savoir, toit ce à quoi on pouvait croire se dérobe littéralement, sous le regard christique (oui !) d'un âne, par la seule grâce d'un récit magistralement mis en scène et stylisé.
Cela s'appelle du Cinéma, du Vrai.
[Critique écrite en 2000]