Il y a dans Au Hasard Balthazar une mélancolie froide d'une puissance invraisemblable, aidée par la sublime 20ème de Schubert, lancinante et absolue.
Au travers des yeux et des vagabondages d'un âne, Bresson dépeins avec le plus d'objectivité et de neutralité possible la complexité de l'humanité. Alors, je ne dirai pas que le cinéaste ne prend pas parti, il me parait évident que Gérard est l'antagoniste de cette œuvre. Le jeune cumule les défauts et ne présente à aucun moment une once de remord ou de faiblesse. Il est l'incarnation du mal.
De l'autre coté, Marie représente majoritairement le bon, déjà grâce à son prénom. Mais au delà d'une simple appellation biblique, Marie se caractérise par une bonté naturelle, et par un trop plein émotionnel. Il y a dans ses actions et dans sa capacité à pardonner une dimension quasi divine la mettant radicalement en opposition avec Gérard.
Finalement, il reste le personnage d'Arnold, pauvre hère torturé, alcoolique, pleins de remords et du culpabilité caché derrière un mutisme constant. Il apparait alors comme une forme d'entité christique.
Et au milieu de tout cela, Balthazar, l'âne devenu saint, spectateur de la faiblesse humaine qui en deviendra la victime. Il est absolument impossible de ne pas aimer cet âne, de ne pas s'émouvoir de son martyr. Le contraste entre le traitement visuel de l'humanité et de la bestialité renforce d'ailleurs cet attachement, Bresson prenant de la distance avec ses acteurs et se rapprochant de son sujet principal.
Mais encore une fois, ce qui caractérise Bresson, ce n'est pas la virtuosité. Lui ne s'intéresse qu'à une seule chose : l'authenticité, que ce soit émotionnelle ou visuelle. Pas de fioritures, pas d'extravagances, le cinéaste vise la pureté et donc affine ses cadres sans jouer avec des mouvements outranciers. Le corps est filmé avec distance et pudeur, l'environnement ne sera que souvent suggéré et jamais magnifié.
Fin bref il est évident que ce film est absolument fantastique, qui plus est la scène finale est tourné à 20 minutes de chez moi donc jetais content de voir mes montagnes dans un des plus grand film français (le col de gleize, juste avant le pic de l'aiguille si ça intéresse des gars)