Ou comment passer de la dinguerie furieuse à la folie douce. Au poste ! ne dépare pas la filmographie de Quentin Dupieux mais marque une étape moins extrême, plus sage, en quelque sorte, même s'il ne faut pas s'attendre à un long-métrage raisonnable. Le point de départ est d'un classicisme absolu : un commissariat de police et deux hommes face à face, un policier et un suspect. Ceci rappelle évidemment le fameux Garde à vue de Claude Miller et tout un tas de polars français dont Dupieux a parfaitement assimilé les codes qu'il détourne avec une énorme jubilation. Si quelques gags visuels (à commencer par l'ouverture) émaillent l'ensemble, ce sont les dialogues, très travaillés, et le jeu sur les mots et les tics de langage qui sont pour l'essentiel du plaisir ressenti pendant la projection d'Au Poste ! Ainsi que le jeu très subtil des flashbacks où le passé, le futur et le présent s'interpénètrent en une joyeuse sarabande. Du nanan la plupart du temps hormis peut-être dans les dernières scènes qui rebattent les cartes sans que cela ne soit nécessaire. Côté interprétation, c'est du très lourd avec un Benoît Poelvoorde au meilleur de sa forme, admirablement dirigé cette fois-ci, et l'excellentissime Grégoire Ludig, sans oublier une brassée de comparses aux rôles épisodiques mais parfaitement incarnés. Inutile de préciser que Au poste ! nage cent coudées au-dessus du niveau d'étiage habituel des comédies françaises. Attention tout de même, les réfractaires à l'humour absurde ne seront pas autorisés à pénétrer dans les salles projetant le film !