Redorer l'image du cinéma français est une mission périlleuse. Entre ceux qui ne lui portent aucun intérêt et vouent une passion aux films internationaux (américains et asiatiques particulièrement) et ceux qui ne voient à travers le cinéma français que des films sociaux (Entre les Murs) ou de "gangsters" (Mesrine, Le Prophète, La Haine) ou des comédies ringardes.


Je m'étais pris une belle claque quand je l'avais vu au cinéma, en le revoyant ces derniers jours je peux confirmer que ce film m'a réconcilié avec Dupontel, qui livre ici sa meilleure réalisation, et m'a également donné un certain espoir quant à la qualité de nos réalisateurs locaux.


Au revoir là-haut est d'abord un film qui me plait de part sa "plastique", le titre m'est personnellement aguicheur, c'est visuellement magnifique grâce à des scènes tout à fait banales mais qui ont le mérite de montrer l'atmosphère d'après-guerre. Nous avons là une grande et belle fresque dans un contexte reconstitué avec soins, on s'y croirait presque.


Autrement, il y a tout une psychologie qui est mise en images, selon les joies et les tristesses des personnages. Les histoires de "masques" m'ont toujours passionné, et ici le personnage principal en fait les frais. Porter un masque est un fardeau et le poids de ce masque ajoute une certaine chaleur émotionnelle aux scènes du film, des scènes qui se veulent parfois loufoques, humouristiques ou tristes. Le fait qu'il y ait un langage particulier qui s'est installé entre la petite fille et notre masqué m'a beaucoup plu. Et ces masques qu'il change jour après jour selon son humeur, selon son état d'esprit du moment, ce n'est pas grand chose mais ça a le mérite d'être efficace.


Il était clairement périlleux de réussir à faire du dramatique tout en jouant la carte de l'humour à certains moments. Le dangereux mélange entre dramaturgie et comique, réussir à nous faire rire tout en étant dans l'émotion larmoyante, et nous émouvoir tout en gardant à l'esprit qu'il faut relativiser et donc en rire.


Il y a des scènes très marquantes, des prouesses tel que le plan séquence dans le no man's land. Cette caméra en mouvement et cette photographie sont des bases extrêmement solides qui en font un grand film français.


Au revoir là-haut est donc parfaitement maîtrisé, porté par un lyrisme ambiant et une sincérité, notamment dans l'écriture de ses personnages. Le sujet des mutilés est mis à l'honneur d'une bien belle manière, les symboliques sont fortes et le ton irrévérencieux de Dupontel est l'expression d'un certain mépris. Les images qu'il nous offre nous en mettent plein les yeux du début jusqu'à la fin, le rythme est haletant et l'interprétation des acteurs est assez pertinente pour un film historique de ce calibre. Dupontel tient son "masterpiece".

Eren
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le 4 févr. 2019

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Eren

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