Adieu
À vrai dire, je n'avais même pas envie d'écrire sur ce film, qui ne m'intéresse pas outre-mesure. Mais voyant une déferlante de critiques élogieuses, j'ai quand même eu envie d'apporter un...
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Après avoir lu le synopsis du film qui annonçait une histoire semblant sérieuse et solennelle, mon envie d’aller le visionner fut si soudaine que je ne pris même pas le temps de jeter un coup d’œil à son affiche en rentrant dans le cinéma. Quelle bonne décision ce fut ! En partant avec cet a priori sur la gravité du scénario, je n’en ai été que plus époustouflé par la beauté et le bon goût esthétique et coloré qui débordent de cette œuvre.
L’action prend place au cœur des Années Folles, dans un Paris enfiévré par l’euphorie qui suivi les massacres inhumains de la Grande Guerre quelques années plus tôt. Et comment ne pas parler des années 20 sans aborder cette folie ambiante, si typique de cette décennie ? Débuts de la reconnaissance de l’art moderne et abstrait, festivités démentes, alcool, entartage, héroïne : Cette scène du Lutecia dont on peut voir un court résumé dans la bande annonce représente avec brio toute l’insanité de cette époque.
Edouard Péricourd est le symbole de cette frénésie, grâce à ses masques qu’il confectionne afin de camoufler son visage estropié par un obus allemand. Et quels masques ! D’une beauté qui n’a d’égale que leur audace, du masque aux tentacules distordues évoquant une pieuvre onirique au masque dont la bouche peut exprimer à souhait le contentement ou le mécontentement, il y a de quoi émoustiller grand-mère ! Mais mieux encore, ces masques poursuivent les mêmes fins que toutes les autres fantaisies des années 20 : tenter de faire oublier le plus possible au peuple les horreurs de la guerre 14-18.
L’omniprésence de Louise aux côtés d’Edouard sublime la singularité de ce personnage. Ce duo aux habitudes de vie décomplexées fera rêver quiconque a déjà aspiré à faire partie du cercle restreint de la haute bourgeoisie artistique, sans jamais être parvenu à l’approcher.
Le personnage d’Alain Maillard mérite lui aussi sa mention car il est finalement rare d’avoir affaire à des protagonistes qui ne se laissent pas emporter dans les méandres du mensonge et qui, même s’ils souhaiteraient parfois occulter la vérité, finissent toujours par jouer la carte de la vérité. (« C’est pas vrai il est pas mort » souhaitait il dire à M.Péricourd, quelle attitude étonnante !)
Certes il n’est pas crédible de voir que l’honnêteté paye toujours, mais il faut tout de même avouer que ça fait son effet sur les cœurs sensibles aux histoires mielleuses, et peu exigeants vis-à-vis du réalisme du scénario.
Et cette naïveté attendrissante file tout le long du film sans se soucier des spectateurs qu’elle perd à chaque scène où les personnages ont des réactions d’une absurdité déconcertante, mais qui ont tout de même le mérite de faire avancer l’intrigue de manière dynamique. On pensera notamment à l’arnaque du pont des soupirs qui fonctionne ridiculeusement,impossiblement, bien, ou encore à Maillard qui décide de prendre la décision saugrenue d’aller menacer Pradelle de son revolver…
On peut le dire, le scénario est souvent sans dessus dessous. Le destin de certains personnages nous laisse souvent totalement indifférent, bien que la mise en scène pourrait parfois nous laisser penser le contraire. On a par exemple Madeleine, la sœur de notre beau masqué, qui non contente de ne pas apporter sa contribution utile au scénario, nous prend quand même quelques minutes pour montrer qu’elle aussi elle peut mettre son grain de sel dans les rouages du méchant Pradelle en se faisant mettre en cloque contre son gré… A mode de vie non châlant, châtiment de l’engrossement.
Enfin, la principale critique que je ferais au scénario serait l’arnaque dont parle la première ligne du synopsis, cette fameuse escroquerie aux monuments aux mortx, dont on ne comprend qu’aux trois quarts du film qu’il ne s’agissait que de remporter un concours de promesse de sculpture, d’empocher le chèque normalement nécessaire à l’élaboration du monument, et de laisser une fausse adresse pour que personne ne puisse retrouver le malandrin. En plus d’être circonstancielle au possible, ce plan aurait rapporté autant d’argent à nos chérubins si Edouard avait honnêtement taillé un peu de pierre pour ne pas se faire poursuivre par la suite. On n’aura pas souvent vu un scénario bâclé aussi assumé !
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Créée
le 13 nov. 2017
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