Voici une coproduction improbable belgo-italienne comme seules les années 70 pouvaient en accoucher, La plus longue nuit du diable, ou Au service du diable, ou La nuit des pétrifiés (ou plein d'autres titres, encore une coutume sympathique du film d'exploitation).
Après une introduction en N & B pour le moins jusqu'au-boutiste, qui voit un officier nazi tuer son nouveau-né au son des bombes alliées, le film déroule un scénario à la croisée du Old dark house hollywoodien et du gothique européen : un bus de touristes en goguette est arrêté par la pluie sur le domaine d'un château sinistre, habité - je vous le donne en mille - par le fameux nazi, retiré dans ses terres depuis la fin de la guerre. Sur fond de malédiction familiale, les visiteurs se voient décimer un par un par une mystérieuse intruse, que l'on devine vite être la succube de la légende.
Bardé de maladresses techniques (les protagonistes persistent à se balader chandelier à la main dans des couloirs parfaitement éclairés, on entend de furieux bruits d'orage en plein jour de beau temps), et saupoudré d'un humour parfois lunaire, le film est pourtant une petite prouesse d'ambiance fantastique. On est bien ici dans une tradition du genre profondément européenne, qui tend parfois vers le surréalisme, notamment dans les quelques scènes de mort, dont le leitmotiv est celui des sept péchés capitaux.
Son casting, aussi hétéroclite que son équipe technique, est assez savoureux pour l'amateur : Erika Blanc, visiblement habitée par le rôle de la succube, Jean Servais, aussi sinistre qu'à l'accoutumée, mais également Daniel Emilfork, incroyable gargouille émaciée ici dans le rôle du Diable - rien que ça.
Enfin, impossible de ne pas mentionner la musique d'Alessandro Alessandroni, collaborateur et musicien d'Ennio Morricone (le "siffleur" sur les bandes-son des Leone, c'est lui), qui compose ici un thème tour à tour inquiétant, sensuel et entraînant, dans la grande tradition italienne. Une cerise sur le gâteau d'une curiosité bis qui vaut le détour.