Monteur habituel de la saga 007, Peter Hunt se voit offrir le poste de metteur en scène de ce qui reste comme une sorte d'anomalie dans la série, un épisode à part, à commencer déjà par l'absence momentané de Sean Connery, remplacé par le mannequin George Lazenby, dont ça sera la seule participation.
Dès son prologue mystérieux et son générique épuré (la simple musique de John Barry remplace la chanson coutumière), "Au service secret de sa Majesté" marque sa différence, se posant d'emblée comme une rupture, tentant de renouveler à sa façon une formule bien trop balisée. Pas de gadgets ici, les scénaristes, conformément au roman initial de Fleming, préférant les atours du thriller plutôt que ceux du bon gros blockbuster style "Thunderball".
Même constat en ce qui concerne la figure mythique de James Bond, l'agent secret devenant ici plus ténébreux, pince sans rire, ne se tapant les girls de rigueur non plus par plaisir mais pour mener à bien sa mission (c'est ce qui s'appelle baiser utile), son coeur n'appartenant qu'à une seule personne, LA James Bond Girl par excellence, superbement campée par Diana Rigg. Un personnage complexe et fort, loin de la potiche habituelle, allant même jusqu'à sauver les miches d'un Bond complètement paumé et apeuré, apparaissant soudainement sur la glace tel un ange venu des cieux.
S'il souffre d'énormes longueurs imputables à sa durée conséquente (près de 2h30 tout de même !), elles sont largement compensées par un montage nerveux signé John Glen (qui reprendra plus tard les commandes de la série), des scènes d'action novatrices pour l'époque et encore efficaces aujourd'hui et surtout par un romantisme à fleur de peau et inédit dans la saga, culminant lors d'une conclusion tragique et bouleversante, aussi sèche qu'un coup de trique.