1969 est une année charnière dans la saga James Bond avec un premier changement de visage pour 007. Cette fois, c'est Peter Hunt (monteur sur les autres films de la franchise) qui est en charge de la réalisation et cela se ressent. Hunt nous livre ici un film résolument moderne dans ses scènes d'action, ses plans somptueux et son découpage, le tout teinté d'émotions jusqu'au climax final, tragique. Avec ce film, fini le James Bond "insubmersible", place à l'espion faillible, amoureux et humain. Très fidèle au roman d'origine, l'œuvre dépeint un agent fragile qui aspire à la justice mais également à une autre vie que celle d'un tueur. L'homme aspire au véritable amour et à une vie rangée. Mais comme dans toutes les tragédies (et la vie de 007 en est une, sur plus de 25 films et plusieurs romans), l'Amour côtoie souvent la Mort et Bond l'apprendra à ses dépends. Grâce à une mise en scène efficace et des personnages bien écrits, OHMSS se révèle être l'un des meilleurs films de la licence qui vraiment bien vieilli, en tout cas mieux que certains (coucou "Thunderball"). Sans compter des acteurs très justes comme la sublime Diana Rigg ou Gabriele Ferzetti, le comédien qui incarne Marc-Ange Draco. Les hommages aux films précédents pour assurer une certaine continuité sont également les bienvenus, tout comme le thème principal du film, magistral et probablement mon préféré de toute la saga.
Cependant comme dans toute œuvre, certains problèmes subsistent : tout d'abord son acteur principal ! Lazenby n'a pas du tout le charisme et le flegme d'un Sean Connery et le long-métrage aurait été bien meilleur avec un acteur confirmé et de son calibre ; même si celui-ci ne démérite pas dans les scènes de combat. Telly Savalas est également beaucoup moins marquant en Blofeld que Donald Pleasance. Deuxièmement, cela m'a toujours surpris que Bond couche avec toutes les femmes de la clinique alors qu'il a l'air sincèrement amoureux de Tracy ? Autre problème, pourquoi Blofeld ne reconnaît pas Bond alors qu'il se sont déjà rencontrés dans la franchise cinématographique ? Incohérence, même si dans la chronologie des romans de Fleming, cela a du sens.. On peut également noter le "saut temporel" plutôt étrange entre la scène de la rencontre avec Draco (septembre) et la suite du film (décembre), probablement un faux raccord. Par ailleurs, les scènes dans la clinique sont également un peu longues et quelques peu forcés et je préfère beaucoup plus les parties du film qui concernent l'histoire d'amour entre Bond et Tracy.
Dans tous les cas, ce 6e James Bond officiel est un très bon film qui se bonifie avec le temps et se déguste au shaker comme un bon Martini Dry. A bientôt Mr. Bond.