A première vue, on pourrait croire qu'Audrey Rose est dans la lignée de ces films horrifiques lorgnant sur le succès de L'Exorciste, mais ce serait oublier la capacité qu'à Robert Wise de sublimer n'importe quel sujet, même s'il en est au crépuscule de sa carrière.
Il se tourne ici vers l'angoisse et l'horreur, là où il avait été brillant avec La Maison du Diable en 1963 et si Audrey Rose se révèle un ton en dessous, ça n'en reste pas moins une bonne surprise. Il prend le temps de présenter les personnages et la situation, avant de rentrer dans la partie plus angoissante et surtout mystérieuse, notamment dès qu'il est question du père d'Audrey Rose et de ses propos.
Dès lors, l'oeuvre prend une toute autre dimension, Robert Wise sachant créer une atmosphère angoissante sans passer par des effets de style tape à l’œil ou de quelconques exagérations, jusqu'à une parfaite conclusion. Il arrive à faire ressortir de l'intérêt et des sensations des personnages et enjeux, tout en lorgnant vers un aspect dramatique qu'il maîtrise avec brio, avec en prime une réflexion sur la croyance divine et les effets de celle-ci.
Toujours avec une grande sobriété, Wise démontre à nouveau tous ses talents pour raconter une histoire et mettre en scène une ambiance propice aux propos, c'est à dire intrigante, prenante et brumeuse, avec une bande-originale adéquate. Techniquement efficace, il ne commet que peu de fautes, tandis que sa direction d'acteurs est excellente, mention spéciale au jeune Anthony Hopkins ainsi qu'à John Beck et Susan Swift dans un rôle délicat, mais qu'elle gère avec brio.
Alors en fin de carrière, Robert Wise surprend en lorgnant vers l'horreur et le fantastique, proposant avec Audrey Rose une oeuvre sans artifice et sous tension, avec une ambiance angoissante plutôt prenante, une réelle qualité d'écriture et un casting à la hauteur.