Les années 60 et 70 passées à la moulinette par Mike Myers donnèrent Austin Powers: International Man of Mystery, long-métrage ayant marqué la fin des années 90 et au-delà, deux suites s’ensuivant. Une somme de marqueurs générationnels donc, gage de souvenirs mémorables confinant au nostalgique, bien qu’un nouvel et récent visionnage ne remette bien des choses en perspective : tant de bouffonneries, aussi jouasses soient-elles, ont forcément leurs limites.


Sous la plume de Myers, premier et principal instigateur de ce pastiche endiablé de décennies révolues, le film de Jay Roach demeure heureusement sympathique, le jusqu’au-boutisme de son atmosphère exacerbée et ses gags malicieux composant un divertissement aussi idiot que savoureux. Avec le recul, des irrégularités dans son efficacité ne manquent pas de s’imposer, Austin Powers payant le prix de son irrévérence constante : ses détournements s’avèrent pour l’essentiel jubilatoires, là où la verve graveleuse et bas du front d’autres séquences fonctionnent beaucoup moins aujourd’hui.


Mais cela étant assumé, comme l’illustrent « merveilleusement » bien les chicots rebutant d’Austin, le long-métrage conserve un charme atypique : entre le récit d’espionnage sacrilège, de la science-fiction de pacotille et un choc culturel central, les tribulations de l’agent secret et de son machiavélique adversaire se dévorent sans sourciller. Myers, décidément au four et au moulin, interprétera d’ailleurs ces deux antipodes : un fait dû aux circonstances mais non moins emblématique, de quoi conforter l’empreinte culte du bousin.


Recyclant à n’en plus finir les poncifs de genres et de générations si particulières, Austin Powers brille ainsi en détricotant le modèle bondien et en confrontant les mœurs et normes de temporalités profondément distinctes : un potentiel de réflexion se dessinera d’ailleurs, mais sans que le film ne pousse le développement plus loin... là n’était de toute façon pas son intention. Nous serions ainsi enclin à nous en contenter, en le prenant pour ce qu’il est : une comédie à mi-chemin entre la parodie et l’hommage, qui vieillie peut-être mieux qu’escompté.

NiERONiMO
6
Écrit par

Créée

le 18 août 2023

Critique lue 16 fois

2 j'aime

2 commentaires

NiERONiMO

Écrit par

Critique lue 16 fois

2
2

D'autres avis sur Austin Powers

Austin Powers
Ugly
7

Groovy, baby !

Acteur mais aussi scénariste, Mike Myers écrit cette farce délirante et parfois indigeste, hommage très "groovy" à l'esprit "Carnaby Street" du Swinging London des sixties et des séries TV de...

Par

le 25 mars 2017

18 j'aime

11

Austin Powers
ThoRCX
6

Je retourne jouer à NOLF

(Cette critique parle des 3 films.) Austin Powers, c'est vraiment une licence que j'aurais voulu aimer, ayant adoré les No One Lives Forever. Pour ceux qui l'ignorent, NOLF est une série de jeu vidéo...

le 15 janv. 2013

13 j'aime

3

Austin Powers
JakeElwood
5

Too much.

J'aurais vraiment voulu aimer Austin Powers, je vous le jure. Je vis en Angleterre, j'aime le pays, les Anglais, l'humour anglais et on m'a incendié là-bas pour ne pas saisir les références...

le 13 juil. 2014

11 j'aime

1

Du même critique

The Big Lebowski
NiERONiMO
5

Ce n'est clairement pas le chef d'oeuvre annoncé...

Voilà un film qui m’aura longuement tenté, pour finalement me laisser perplexe au possible ; beaucoup le décrivent comme cultissime, et je pense que l’on peut leur donner raison. Reste que je ne...

le 16 déc. 2014

33 j'aime

Le Visiteur du futur
NiERONiMO
6

Passé et futur toujours en lice

Un peu comme Kaamelott avant lui, le portage du Visiteur du futur sur grand écran se frottait à l’éternel challenge des aficionados pleins d’attente : et, de l’autre côté de l’échiquier, les...

le 23 août 2022

29 j'aime

Snatch - Tu braques ou tu raques
NiERONiMO
9

Jubilatoire...

Titre référence de Guy Ritchie, qui signa là un film culte, Snatch est un thriller au ton profondément humoristique ; le mélange d’humour noir à un scénario malin et bien mené convainc grandement,...

le 15 déc. 2014

18 j'aime

3