Ottopsie d'un drame, rire ottorisé
Dans le Michigan, un petit avocat de campagne, Paul Biegler, se voit confier un cas de meurtre commis par un officier de l'armée américaine.
Reposant sur un acteur principal en grande forme, extrêmement charismatique ainsi qu'une actrice sublime dégageant un magnétisme étrange, ce film étonne également par ses dialogues ciselés parfaitement (la vision en VO exige une certaine concentration). Parfaitement filmé, avec la musique de Duke Ellington en fond sonore, les 2h30 paraissent trop courtes.
Chaque scène nous en apprend un peu plus sur les circonstances du meurtre ou sur les protagonistes. Le scénario se déroule de manière parfaitement logique, et on en sait toujours autant que notre avocat sur le meurtre, ce qui permet d'essayer de deviner quel sera son prochain mouvement devant la cour.
Quand on a quelques secondes de répit entre 2 répliques cinglantes teintées d'ironie et d'humour noir servies par un avocat a l'esprit cartésien joueur de jazz et pécheur, on peut a loisir s'interroger sur le fond de l'histoire, a savoir, grosso modo, qu'est ce qui peut permettre de justifier un meurtre, quelles circonstances, quelles limites, bref, qu'est ce qui peut faire d'un meurtre avéré un événement qui ne mérite pas de punition?
On obtient un de ces trop rares films adultes formellement impeccable, qui appelle a la réflexion et traite d'un sujet extrêmement sérieux avec juste ce qu'il faut de légèreté.
En bonus, quelques faits intéressants trouvés ici et la (surtout la) et traduits approximativement par mes soins.
* Le film se situe dans la Péninsule Nord du Michigan. Pour être plus précis dans les villes de Marquette, Negaunee Ishpeming et le village de Big Bay et est basé sur une vraie affaire de meurtre. Les noms des villes et des personnages sont modifiés mais il est filmé sur les lieux réels. Le scénario a été écrit par John D. Volker (qui a écrit ses romans sous le pseudonyme de Robert Travers). Il était de Ishpeming (Iron City dans le film) et juge de la Cour suprême du Michigan où il a examiné l'appel de cette affaire et l'a transformé en roman puis en scenario. Le film utilise des autochtones comme figurants et dans des rôles mineurs.
* Le tournage a duré seulement 2 mois.
* Le père de James Stewart a été tellement offensé par le film "a dirty picture" qu'il passa une annonce dans le journal local conseillant aux gens de ne pas s'y rendre.
* A sa sortie, le film fut banni à Chicago, Illinois.
* La controverse autour du film tournait autour des mots utilisés: "bitch", "contraceptive", "panties", "penetration", "rape", "slut", "sperm".
* L'affiche du film etait classé premier dans le "top 25 des meilleur affiches" par Premiere.
* Otto Preminger n'aimait pas l'utilisation des flash backs c'est pourquoi les references au passé sont juste racontées.
* La musique de Duke Ellington est diégétique (elle fait partie de l'action), on peut d'ailleurs le voir jouer au coté de James Stewart.
* Classé 7eme par le American Film Institute dans le genre drame judiciaire.
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