Dans cette comédie strictement théatrale, dont le salon de Monsieur Jean-Pierre, notaire et bourgeois de son état, constitue l'unique décor, Sacha Guitry poursuit ce que l'on peut appeler ses perfides déclarations amoureuses aux femmes. Misogynie? Ou simple jeux d'esprit et de mots? Toujours est-il que ses formules sur l'existence conjugale ("ces femmes qu'on a dans les bras, puis sur les bras"), tour à tour cyniques, complaisantes et lucides, en un mot caustiques, alimentent l'éternel sujet de comédie qu'est l'état marital.
22 ans après, l'épouse de Jean-Pierre que l'on croyait morte réapparait au domicile conjugal avec l'intention d' y reprendre sa place, laquelle n'est plus libre depuis que le mari a épouser la soeur de sa femme.
Sacha Guitry aurait pu réaliser un vaudeville. Sa comédie en a l'esprit mais pas l'aspect. Si l'agitation et le mouvement du vaudeville font défaut ici, comme souvent dans le cinéma de Guitry, c'est par les mots et par sa dialectique spirituelle que Guitry introduit les rebondissements de l'intrigue, laquelle est par ailleurs très simple, voire futile. On y devine bien le plaisir qu'a l'auteur de jouer, précisément, avec les mots. Sa fantaisie inégalable compense en tout cas le manque d'aérations et la relative banalité de la mise en scène.