Il y a un peu plus d'un an, j'ai vu et adoré Strange days, et Kathryn Bigelow recevait l'Oscar pour Démineurs.
J'avais aussi aimé Point break et Blue steel de la même dame, alors un film de vampire réalisé par elle, ça m'intéressait.
Plus récemment, après avoir vu Profit, cette série totalement géniale, j'ai tapé une recherche du genre "Pasdar profit" sur google images, pour trouver des photos de mon nouveau héros, et je suis tombé sur des images de Near dark, dont une du personnage de Bill Paxton.
Ca avait l'air fun, violent, et surtout cool.
Je sais plus trop pourquoi, avant-hier j'ai repensé au film, me disant que je devrais le regarder, pour les raisons citées ci-dessus.

Bon en fait je crois que, rien qu'avec l'image dont j'ai parlée de Paxton couvert de sang en blouson de cuir, lunettes de soleil sur le nez, et fusil dans la main, je m'étais imaginé un film façon "Vampires" de Carpenter.
Finalement, c'est vrai qu'il s'en rapproche étrangement, de par l'aspect western qu'on trouve vers la fin, de par le décor Texan très poussiéreux et les blousons de cuir pour badass, mais au premier abord Near dark s'éloigne complètement de ça.
C'est pas un film d'action/horreur fun, c'est quelque chose de plus, disons...fantasmagorique, et lyrique.
Near dark commence par nous envelopper d'une ambiance nocturne spéciale, et "spéciale" dans le sens où l'on a l'impression que ce soir il y a quelque chose d'atypique dans l'air.
La musique de Tangerine dream agit aussi régulièrement durant les nombreuses séquences nocturnes, pour placer dans une sorte de transe.
Et rapidement, le film se montre presque poétique, avec sa femme vampire bizarre qui parle des étoiles, qui dit au héros d'écouter la nuit, qu'elle est "deafening", qu'elle est "so bright it could blind you".
Near dark n'est donc pas un film de vampire ordinaire, il est plus posé, plus contemplatif.
Le baiser qui, on le devine, va faire de Caleb un vampire, est filmé au ralenti, dure, comme si on accordait le temps aux personnages de le savourer, jusqu'à ce que Mae déplace peu à peu sa bouche vers le cou de son compagnon.
C'est pas ce qu'il y a de plus original, mais rendre la morsure vampirique sensuelle, à la transformation de Caleb puis quand lui suce le bras de Mae, marchait bien. Ca marche peut-être d'autant mieux que l'actrice est très belle et a un visage assez pur.
Mais en repensant au film maintenant, je remarque que ça ne mène à rien, après ces deux scènes on ne retrouve plus cette idée. C'est comme pour la relation entre Caleb et Mae, j'ai cru que c'était juste un truc comme ça, qu'ils formaient un couple sans qu'il n'y ait de lien fort avec eux, et pourtant à la fin Mae vient retrouver le héros, comme si leur histoire d'amour avait vraiment eu de l'importance en réalité. En tout cas ce n'était ni montré, ni ressenti.

Parfois, le parti-pris par la réalisatrice est un peu trop appuyé.
Il y a de ces plans vraiment factices qui deviennent carrément poseurs. C'est particulièrement le cas pour celui où les personnages sont tous alignés et sortent de la fumée en haut d'une colline, et marquent un temps d'arrêt une fois qu'on les voit en entier.
On peut éventuellement reprocher ça aussi aux plans filmés à l'aube, avec le soleil levant à l'horizon ; c'est beau, mais on sent une intention trop appuyée derrière.
Kathryn Bigelow, à mon goût, n'a pas vraiment trouvé l'équilibre qu'il fallait.
Il y a cette idée superbe pour débuter le film : un gros plan sur une mouche piquant quelqu'un. Une main, celle d'Adrian Pasdar, vient l'écraser, en disant "don't suck". Par ailleurs c'est vraiment marrant quand on a vu le spot TV pour la série Profit, où le héros éponyme écrase une araignée, en la traitant d'amateure.
L'idée de la mouche était très bien, mais ils auraient dû en rester là ; au lieu de ça, Pasdar demande à une femme "a bite" (un morceau/une morsure) de la glace qu'elle mange, et dit qu'il est "dying for a cone". Ca devient un peu trop là.
Truc dingue aussi, dès le début du film, c'est qu'il y a plusieurs faux-raccords qui sautent aux yeux. J'imagine que Bigelow s'est améliorée depuis, pour en arriver aux Oscars.
En tout cas, un truc qu'on ne peut nier, c'est qu'elle est bonne à créer des ambiances.
Le massacre dans le bar, il est lent, mais sa lenteur s'accorde à la musique que l'on entend, qui fait fonctionner toute la séquence. D'ailleurs la musique est bien agencée, car je n'ai pas remarqué les transitions entre chacun d'elles, pour passer d'une ambiance sonore à une autre.
A peu de choses près, la lenteur aurait été gênante.

Par rapport au mythe du vampire maintenant, car Near dark replace ces créatures dans un contexte moderne, on peut trouver un personnage de gamin, en réalité quelqu'un qui a été mordu étant enfant. J'ai pas lu Ann Rice, mais si c'est dans le film Entretien avec un vampire, ça doit être dans le bouquin déjà, le vampire bloquée dans le corps d'un enfant. Celui de Near dark devient jaloux de Caleb car il lui pique la femme qu'il avait en vue, et essaye aussi de s'imposer dès la première rencontre en chopant les couilles du héros pour le menacer, mais pareil que pour ce dont j'ai déjà parlé, l'idée du gosse (ou des gosses, en canadien, si on veut) n'est pas vraiment exploitée par la suite. A part pour le fait qu'il veuille kidnapper une enfant pour la mordre.
La scène où chaque personnage chasse de façon différente est intéressante.
Caleb se retrouve à devoir tuer un camionneur, et on sent la pression qui l'écartèle, la sienne mais aussi celle exercée par Mae à côté de lui, qui insiste pour qu'il agisse, et en même temps on imagine que si il ne le fait pas, il aura l'air d'un faible par rapport à la fille. Après tout, la bande de vampires est comme une meute où il faut faire ses preuves, et s'il ne peut même pas se montrer digne de la femme qui l'a amenée dans le groupe...
La meilleure idée du film par rapport aux vampires, doit être celle de la scène de fusillade, où les balles transpercent les murs, laissant passer la lumière qui blesse les noctambules.
La pire idée du film par rapport aux vampires, c'est de faire qu'on puisse redevenir normal par une simple transfusion de sang. C'est trop idiot, en fait.

J'ai hésité mais j'ai mis 6 sur Senscritique, car j'ai une sorte de sympathie pour ce film, il est fait avec de bonnes intentions, et même si je n'adhère pas totalement à l'ambiance et ce qu'a voulu faire la réalisatrice, il faut avouer que c'est pas mauvais.

A noter que le co-scénariste est l'auteur de Hitcher. C'est vrai qu'on retrouve un truc qui y fait penser. Il a aussi co-écrit Blue steel avec Bigelow, et là par contre je ne vois pas trop de lien avec ce qu'il a fait précédemment.

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le 10 janv. 2012

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Wykydtron IV

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