Voyage au centre de la vie

Don Hall, à qui l’on doit Les Nouveaux Héros, Vaiania : La Légende du bout du monde et Raya et le Dernier Dragon, nous propose Avalonia, l’étrange voyage, 61e Classique d’animation des studios Disney, qui s'inscrit dans le genre de la science-fiction, très peu exploité par la marque. Le film nous présente les Clade, une famille d’explorateurs qui descend au centre d’Avalonia, pour trouver le mal qui ronge le pays.

Le scénario mélange les genres fantastiques, science-fiction et aventure, pour un résultat haut en couleur. L’histoire est bien ficelée, et compte sur un dénouement extrêmement efficace. L’ambiance est très inspirée, sans doute d'un imaginaire emprunté à ce cher Jules Verne, une fois n’est pas coutume. La relation entre les personnages connaît de belles évolutions. On ne s’ennuie jamais avec eux.

L’animation est magnifique, comme toujours. L’esthétique du film est fascinante, avec des décors qui ont l’air vivant et des couleurs chatoyantes. Le monde d’Avalonia regorge de trouvailles visuelles ingénieuses, qui révèlent tout leur sens lors d'une fin surprenante.

Le doublage français est particulièrement réussi. C’est important de le souligner, car nous avons eu droit par le passé à certaines déconvenues d’ordre promotionnel (la firme comptant parfois sur la participation d’une célébrité, au détriment de la qualité).

Malheureusement, le film déplore plusieurs faiblesses. Si le scénario fonctionne à merveille, on regrettera quelques redondances des films passés, et notamment une idée de fond et un contexte déjà exploités dans l’excellent Vaiana.

Le visuel des personnages n’est pas satisfaisant. Il y a comme un léger manque d’homogénéité esthétique entre eux, certains ont d’énormes nez et des yeux tout ronds (comme Astérix et Obélix) tandis que d’autres ont la chance de compter sur un rendu plus proche de la réalité. C’est déstabilisant. D’ailleurs, ces énormes nez hypnotiques ont tendance à attirer trop souvent notre regard, et nous détourner des qualités esthétiques alentour. Par ailleurs, les personnages nous rappellent systématiquement des protagonistes des films sortis précédemment (Luca, Raya et le dernier dragon, Encanto, Vaiana…). S’ils souhaitaient se distinguer avec ce film, les artistes auraient gagné à trouver une toute nouvelle approche visuelle plutôt que nous servir un melting-pot déstabilisant et déformé par de gros nez.

Pour ce qui est du reste, les dialogues manquent un peu d’esprit, l’intensité dramatique aurait pu être plus puissante, l’humour plus percutant, l’action plus variés et recherchée.

Il n’y a pas de chansons chantées dans cet opus. On ne peut que le regretter.

Avalonia, l’étrange voyage, a fait les frais d’un manque de promotion mondiale consternante, comme si finalement la firme ne misait pas du tout sur cette production dont elle ne voyait pas le potentiel. La société a également décidé de ne pas sortir le film dans les salles de cinéma français, pour des raisons politiques, punissant au passage, tous les spectateurs de l’hexagone désireux de découvrir le film sur grand écran.

Malgré de nombreuses faiblesses, ou paresse créative, le film se défend tout de même très bien grâce à une qualité de l’animation bien au rendez-vous, et une histoire inspirante.

Pourtant, le film est un semi-échec. A ce stade, nous pouvons parler de véritables malédictions, la science-fiction ne semble pas réussir aux studios Disney. En effet, chaque classique s’inscrivant dans le genre a connu de mauvais résultats au box-office, à croire que le public y est complètement réfractaire (La Planète au trésor, un nouvel univers, Atlantide, l’empire perdu, Bienvenue chez les Robinson, seul Les Mondes de Ralph échappe à cette tendance).

Quoi qu’il en soit, le spectacle, à lui-même, est très honorable. Le divertissement fonctionne à merveille. Le résultat ne manque ni d’idées ni d’intentions. De manière objective, on ne saurait sanctionner la production pour les choix politiques de la firme.

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