Paul et Lucie forment un vieux couple de bourgeois aisés englué dans la routine.Lui est un brillant chirurgien et madame,férue de jardinage,s'occupe de leur immense propriété.Mais cette existence paisible est plus fragile qu'elle n'en a l'air et il va suffire de deux évènements étranges pour la faire dérailler.Paul reçoit brusquement des bouquets de fleurs quotidiens et rencontre Lou,une jeune serveuse,sur laquelle il tombe "par hasard" dans tous les endroits où il se rend.Il ne peut évidemment s'agir de coïncidences et la fille est clairement mythomane et manipulatrice,ce qui n'empêche pas le médecin de s'attacher à elle.Il s'agit du troisième film écrit et réalisé par le romancier Philippe Claudel,et ce n'est assurément pas une réussite.Il y a du potentiel dans ce scénario mais le traitement qui lui est appliqué en gâche largement la portée et l'intérêt.C'est platement filmé,c'est lent,les scènes traînent en longueur et sont noyées sous de la musique classique ou apparentée absolument sinistre.En outre,Claudel sacrifie les dialogues,rares et énigmatiques,aux non-dits et aux regards signifiants,l'ensemble se révélant plutôt chichiteux et dégageant un ennui distingué.Le sujet,défini par le titre,est l'âge,en l'occurrence la soixantaine et ses environs.C'est le monde des bientôt retraités,des pré-retraités ou des jeunes retraités,ce moment où la jeunesse est loin derrière soi,où l'on sent que la marge de sécurité vitale s'amenuise,mais où l'on n'est pas encore tout-à-fait vieux.C'est l'heure des bilans,des interrogations quant à ce qu'on n'a pas fait,ce qu'on aurait dû faire,et surtout ce qu'il reste à faire.Paul est un bourreau de travail,trop pris pour communiquer avec son épouse,qui explose en vol sous l'influence de Lou,cette jeune femme bizarre qui l'émeut et pour qui il éprouve une sorte d'affection paternelle,sentiment qui se développe paradoxalement à mesure qu'il découvre les mensonges accumulés qu'elle débite constamment.Cette curieuse relation marchera dans les deux sens car Lou,maltraitée par les hommes et par la vie en général,se sacrifiera pour sauver ce type si différent de ceux qu'elle fréquente habituellement.La fin du film s'animera un peu avec deux twists consécutifs très stimulants qui font regretter le manque d'énergie qui a prévalu jusque-là.Le casting haut de gamme sauve pas mal l'entreprise avec ses pointures qui performent en dépit du minimalisme ambiant.Daniel Auteuil est parfait en mandarin psychorigide qui perd les pédales,tout comme Leïla Bekhti en intrigante à la fois fragile et glaçante.Kristin Scott-Thomas,qui était déjà en vedette dans le très bon premier film de Claudel "Il y a longtemps que je t'aime",assure formidablement en épouse négligée,blessée mais toujours amoureuse au point de faire preuve d'une patience et d'une indulgence remarquables.Richard Berry montre sa traditionnelle présence stimulante en psychiatre meilleur ami de Paul tout en étant épris de Lucie et qui est comme on le découvrira in fine,plus que ça encore.