Il est souvent difficile de voir des films où des personnages font des métiers qu'on a déjà effectués, mais ça peut être également intéressant pour voir la vision hollywoodienne de la chose. En l'occurrence, le métier d'aide-soignant.
Dans une petite ville anglaise, Emilia Clarke joue une jeune femme croquant la vie à pleines dents, et qui va de boulots en boulots pour subvenir aux besoins de sa famille. A la recherche d'un nouvel emploi, elle doit s'occuper d'un jeune homme devenu tétraplégique depuis un accident, et qui a perdu goût à la vie. Il veut en finir, et ses parents espèrent que la bonne humeur de la jeune femme, nommée Lou, va le faire changer d'avis...
Le film est ce qu'on appelle une comédie romantique ultra-guimauve, entre deux personnes qui n'auraient jamais dû se rencontrer, qui ont des caractères opposés, mais que, bien entendu, un amour va se créer malgré les difficultés et la souffrance de Will.
Toutefois, et c'est là qu'intervient la réalité, ce n'est pas aussi rose que ce qu'on voit. En fait, Lou incarne plus ou moins une aide-soignante durant ces six mois, et si on voit quelques moments de faiblesse de Will dus à sa condition, on ne la verra pas faire un change de ses pansements, ni de ses couches ; même tétraplégique, un beau gosse reste un beau gosse.
C'est peut-être pour ça que j'ai plus aimé le rôle de Steve Peacocke, qui incarne l'aide-soignant à domicile de Will, et de ce point-là, c'est très juste, aussi bien dans les gestes que dans sa relation avec la personne malade. Il effectue les massages pour atténuer les douleurs, lui change les habits quand il transpire trop (ce qui est une réalité pour les tétraplégiques, où le corps ne produit pas la même sudation), et vient, me semble-t-il, plusieurs fois par jour. Sans doute pour la toilette intime, mais non, nous sommes au cinéma... Pas question de parler non plus des douleurs fantômes, ou de la souffrance (juste suggérée par une pneumonie du personnage), on reste constamment dans le glamour. Mais je reconnais que, du point de vue du personnage joué par Steve Peacocke, le film est bien documenté sur le sujet. La principale raison pour laquelle j'ai voulu le voir.
Pour la comédie romantique, je la trouve sans grand intérêt, d'une niaiserie atomique, avec Emilila Clarke qui est d'une naïveté confondante et dont le vilain petit canard va bien entendu se transformer en belle oie blanche. Quant à Sam Claflin, dont le profil ressemble étrangement à celui de Christopher Reeve, il est plutôt bon, car si son corps reste immobilisé, sa tête marche à fond, et son cynisme en fait un personnage touchant, qui est en fait une carapace émotionnelle.
On retrouve aussi Charles Dance et Jenna Coleman, qui incarnent ses parents.
Il y a de beaux plans, très carte postale, d'une Angleterre de province, ainsi que d'îles paradisiaques, pour un final qui a fait pleurer dans les chaumières et où, là aussi, est énoncée une vérité ; le personnel soignant n'a pas à s'exprimer sur la volonté de mourir d'un malade.
Tout ça pour un message d'espoir bien débile, car tout aide-soignant n'a pas la chance de s'occuper d'un malade pété de thunes, et on a là un sommet de niaiserie, qui a bénéficié d'un carton mondial.
Cela dit, sur le côté professionnel, c'est souvent juste, donc le visionnage n'a pas été inutile.