Louisa Clark,jeune chômeuse anglaise,est recrutée comme aide-soignante auprès de Will Trainor,le fils des riches châtelains locaux,devenu tétraplégique suite à un accident.Ce premier film réalisé par Thea Sharrock,metteur en scène de théâtre réputée,est écrit par la romancière Jojo Moyes,qui adapte son propre livre.L'oeuvre appartient à un sous-genre de la comédie romantique qu'on pourrait qualifier de romcom thérapeutique,ou de tragédie romantique.Peu de films se sont aventurés sur ces terres où se mêlent mélodrame,amour et humour,mais on peut citer "Le choix d'aimer" avec Julia Roberts infirmière improvisée auprès d'un Campbell Scott leucémique ou "L'homme de chevet" qui voyait Christophe Lambert s'occuper de la tétra Sophie Marceau,voire le célèbre "Intouchables" avec Omar Sy aidant François Cluzet,encore un tétra,mais là c'est une histoire d'amitié plutôt que d'amour,étonnant d'ailleurs qu'ils n'aient pas pensé à en faire une romance homo."Avant toi" n'innove pas en ce domaine et reprend à la lettre tous les codes préexistants.Une personne pauvre cherchant désespérément un job est engagée par un riche handicapé,les relations sont tendues au début à cause de l'amertume agressive de l'employeur avant que ça ne s'arrange pour tourner in fine à l'amour fou,ce qui ne veut pas nécessairement dire que la conclusion sera heureuse.Ici,le scénario manque de densité et miss Sharrock tire beaucoup à la ligne en multipliant les promenades,les plans de paysages et la musique lacrymale.L'ensemble sonne un peu le creux et on a souvent du mal à se sentir concerné entre personnages superficiellement brossés et intrigue sommaire pesamment étirée.Mais la force du sujet prend par moment le dessus et l'on est forcé de compatir au sort de Will,jeune homme en pleine force de l'âge,sportif et hyperactif,qu'un coup du sort a transformé en légume.Sa détresse est palpable et on comprend parfaitement son désir d'être euthanasié car sa vie n'en est pas une.Que vaut une existence statique et végétative?Faut-il vivre à tout prix,quelles que soient les circonstances?Est-il possible de faire le deuil de sa vie d'avant?Au moins ces questions sont posées cash et il est même étonnant de voir les proches du héros le traiter d'égoïste car l'égoïsme est plutôt de leur côté.Quitte à souffrir,ne vaut-il pas mieux laisser partir les êtres chers s'ils sont en si piteux état et s'ils veulent en finir?De toute manière c'est leur souffrance qui est la pire.La dépendance physique totale est une des plus grandes horreurs qui soient et avoir besoin d'autrui pour tous les actes de la vie quotidienne est insupportable.Ainsi,malgré l'amour et l'optimisme solaire de Louisa,le soutien indéfectible de ses parents et de son dévoué kiné,qui forment autour de lui un groupe sympathique et soudé,Will ne peut se résoudre à continuer une telle vie.Le film introduit en outre habilement le thème des différences sociales,et la scène du bal de mariage concentre de manière saisissante la bizarre proximité entre deux jeunes gens qui n'auraient jamais dû se rencontrer.A Will qui lui fait remarquer que s'il était valide elle ne tiendrait pas sa poitrine aussi près de lui,Louisa rétorque opportunément que s'il était valide il ne danserait pas avec elle mais avec une fille de son milieu,et que si elle était présente à cette fête elle serait de l'autre côté,à servir les plats et les boissons.Sam Claflin,acteur généralement insignifiant,effectue une énorme performance en paralytique au bout du rouleau,cachant derrière son ironie et sa morgue aristocratique un inextinguible désespoir.Dommage que sa partenaire Emilia Clarke,eh oui Clarke joue Clark, gâche l'ambiance.Moche et grimaçante,la starlette de "Game of Thrones","Terminator Genisys" et "Solo:A Star Wars Story" en fait des caisses et fait passer son personnage pour une sorte de débile profonde.Les seconds rôles sont très bien,notamment Janet McTeer et Charles Dance en parents désorientés,Jenna Coleman en soeur marrante de l'héroïne et Steve Peacocke en soignant totalement investi.Joanna Lumley fait une amusante apparition le temps d'une scène.