Cameron, tout sauf un bleu (sauf niveau message)

Deux critiques, la première peu après la sortie du film et la seconde lors de son retour en salles trois mois avant (enfin!) le deuxième volet. Pour un ressenti étrangement différent et finalement pas si lointain. À vous de juger !


Première critique (2009) (6/10) :


Sincèrement je m'en voudrais presque de mettre seulement cinq "petites" étoiles à ce "Avatar" qui se situe largement au-dessus de la grande majorité des purs divertissements vus ces dernières années. Pourtant, c'est au final bel et bien le sentiment de déception qui prime chez moi. Attente trop importante? Sans doute. Mais problème de durée également, et même peut-être un peu de scénario, certes efficace mais tout de même ô combien classique... A vrai dire, on ne rentre totalement dans "Avatar" que dans la toute dernière partie qui réussit vraiment à nous passionner et à nous offrir un spectacle digne de ce nom.


Le reste oscille entre beauté des paysages et éloge de la nature un peu naïf, pour ne pas dire légèrement irritant. Cela dit, ne vous méprenez pas : le dernier film de James Cameron reste tout à fait regardable et remplit en définitif plutôt bien son statut de "mastodonte Hollywoodien", d'autant que l'ensemble, malgré quelques caricatures (le colonel!) garde tout de même une certaine subtilité dans son propos. Bref, voila à n'en pas douter un assez beau divertissement, mais en aucun cas le chef-d’œuvre révolutionnaire que l'on nous avait promis de la part de maître Cameron. Frustrant.


Seconde critique (2022) (7/10) :


Quand on voit qu'un film sorti il y a treize ans est en tête du box-office français depuis deux semaines, cela en dit long sur l'état de nos salles actuellement. Passons. Jamais revu depuis 2009, donc, ce retour était l'occasion pour moi de redécouvrir une œuvre que je n'avais pas tant apprécié à l'époque, avant la sortie de la suite après 543 a..., euh, 13 ans d'attente, du coup. Bilan : qualités accentuées, défauts accentués. D'un côté, difficile de renier le talent de James Cameron pour créer un univers gigantique, beau, riche, très inventif, l'ampleur de la mise en scène offrant quelques scènes particulièrement soufflantes, justifiant totalement de le découvrir en salles. Même la 3D, qui ne m'avait pas convaincu la première fois, m'a paru plus profonde, plus précise, donnant effectivement du volume à ces splendides images et couleurs. On observe un certain potentiel chez plusieurs personnages, en premier lieu celui de Sigourney Weaver et à un degré moindre de Michelle Rodriguez, les seuls à éviter le manichéisme quasi-complet.


Le problème, c'est qu'il y a aussi le fond et le bilan y est nettement moins glorieux : lorsque Cameron qu'il a passé quinze ans à écrire le scénario, on se dit que cela devait être une heure par semaine les jours fastes. C'est très simpliste voire basique : gentils extraterrestres vs méchants militaires, saupoudré de « Pocahontas » tout en multipliant les parallèles faciles : massacre des natifs par les colons, forêt amazonienne en danger qu'il faut absolument sauver, la nature peut aussi se rebeller contre les humains, #sauvonslaplanète... Je n'ai absolument rien contre ça, bien au contraire, mais ils sont martelés avec un tel manque de subtilité que cela en devient pesant, « Avatar » ne pouvant clairement pas compter sur ses dialogues souvent très communs (« I see you », c'est ça qui est censé être la réplique culte du film?) pour atténuer cette impression.


De ce point de vue, le retour de Cameron aux affaires suivant la longue attente après « Titanic » reste une déception. Pour autant, je n'oublie pas que le cinéma reste aussi un spectacle, du plaisir et pour le coup, le film ne manque pas de panache, mené à un rythme fort soutenu, bien monté, sachant parfaitement lorsqu'il faut accélérer, ralentir, émouvoir (même si le mot est un peu fort), et ce même si l'on aurait aimé une faune mieux exploitée sur toute la durée. Et ne serait-ce que pour la bataille finale, vrai grand moment nous en mettant pleins les yeux, je suis heureux d'avoir donné une « seconde chance » au plus grand succès de l'Histoire du septième art, évident remède contre la morosité actuelle, tout en restant lucide sur le manque de profondeur du propos.

Caine78
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2009

Créée

le 28 mars 2018

Critique lue 228 fois

2 j'aime

2 commentaires

Caine78

Écrit par

Critique lue 228 fois

2
2

D'autres avis sur Avatar

Avatar
Hypérion
8

Avatar c'est fun, et c'est tout ce qu'on lui a demandé.

Avatar, le film qu'il est de bon ton de descendre pour affirmer sa supériorité culturelle sur les masses abruties qui payent 13 € pour aller voir la "révolution 3D" de James Cameron au cinéma...

le 27 janv. 2012

268 j'aime

80

Avatar
Sergent_Pepper
8

La séance de mes spectateurs.

Un jour d’été et de pluie, je fais découvrir ce film à mes enfants de 6 et 8 ans. Durant le film, je prends mes notes mentales en vue d’une critique. Notes pour plus tard : c’est niais. C’est...

le 3 août 2014

157 j'aime

27

Avatar
ackboo
4

Splendide ! Révolutionnaire !

Connerie hollywoodienne pour adolescents shootés à la Ritaline n°465031 Film de propagande de l'US Marine Corps n°9032 Apologie post-colonialiste nauséabondes des "bons sauvages écolos"...

le 7 janv. 2010

146 j'aime

12

Du même critique

Enquête sur un scandale d'État
Caine78
2

Enquête sur un scandale cinématographique ?

Thierry de Peretti est un réalisateur doté d'une bonne réputation, notamment grâce à « Une vie violente », particulièrement apprécié à sa sortie. J'y allais donc plutôt confiant, d'autant que le...

le 20 août 2022

32 j'aime

8

Mourir peut attendre
Caine78
4

Attente meurtri(ère)

Cinq ans d'attente, avant que la crise sanitaire prolonge d'une nouvelle année et demie la sortie de ce 25ème opus, accentuant une attente déjà immense due, bien sûr, à la dernière de Daniel Craig...

le 7 nov. 2021

29 j'aime

31

L'Origine du monde
Caine78
3

L'Origine du malaise

Je le sentais bien, pourtant. Même si je n'avais pas aimé « Momo », adapté du même Sébastien Thiéry, cela avait l'air à la fois provocateur et percutant, graveleux et incisif, original et décalé,...

le 25 sept. 2021

25 j'aime