Avatar 1.2.0

Beaucoup de personnes attendaient cette suite d'Avatar pour la révolution qu'il apporterait dans le cinéma grand spectacle. Difficile de ne pas déjà y voir là un rempart à l'émotion esthétique que doit produire un film pour moi, avant de potentiellement s'attarder sur les aspects techniques qui représentent un travail monumental. Car on le sait très bien, ce n'est pas la durée de production d'un film qui lui donne sa qualité. Mais passons. Avatar 2 est donc arrivé et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il est finalement assez irrégulier. Et bien qu'il y ait des scènes vraiment impressionnantes, il reste inscrit dans une norme très classique du blockbuster hollywoodien, et ne va jamais chercher plus loin que le bout de son nez.

S'il y a bien quelque chose qu'on attendait du film, c'est avant tout sa qualité visuelle, finement amenée par la mise en scène de James Cameron, qui reste un réalisateur qui a su donner du spectacle impressionnant et divertissant. Là-dessus, le pari est plutôt réussi, mais n'est pas tout le temps très égal. Le scènes sous l'eau sont par exemple impressionnantes dans leurs couleurs, la lumière, et le film arrive plutôt bien au début à adopter le bon montage pour laisser le spectateur s'immerger dans cet univers. Une réelle émotion esthétique surgit quand on découvre ce monde en même temps que les protagonistes.

Sauf qu'avant ça, on a une bonne heure d'introduction dans la forêt pas souvent très lisible, montée comme un blockbuster lambda, et dont le seul intérêt est de montrer le progrès techniques adoptés sur les visages des comédiens. A ce niveau-là, pareil, il n'y a pas grand chose à dire dessus, c'est souvent impressionnant de voir autant de panel d'émotions dans ces visages numériques. Mais le fait de le voir ne veux pas forcément dire que cela fonctionne dans le film. Car les acteurs ont tendance, pour la plupart, à beaucoup surjouer ce qui crée parfois un décalage. Et je peux en dire pareil pour toute la qualité visuelle qu'il a.

Avatar 2 est impressionnant techniquement mais reste un film grand spectacle trop long pour pas grand chose, qui ne sait pas quoi faire de son histoire et de ses personnages. Il y a des thèmes soulevés intéressants, pas forcément très originaux, mais qui avaient le mérite d'apporter de la profondeur et de la variabilité dans la suite de l'histoire (le décalage du père et sa vision archaïque qui comprend pas ses enfants, les méfiances entre peuples différents, la relation entre Spider et son père spirituel..) mais finalement, tout est vite évacué. Il y a même parfois de drôles de moments où des scènes semblent être coupées très hasardeusement, alors que la mise en scène prend parfois le temps de montrer des situations, des décors, des univers.

Et la narration va donc garder un rythme très irrégulier, qui ne va jamais questionner ses personnages ou les spectateurs alors qu'elle survole un tas de sujets intéressants, et va s'enfoncer dans une ligne narrative très enfantine et manichéenne qui ressemble très fortement au premier. Comme si le film voulait éviter que l'on ait du mal à comprendre où il veut en venir. Du coup c'est dommage, car là-dessus Avatar 2 est finalement très banal, et souffre de quelques séquences molles, parfois même inutiles qui nuisent complètement à tout le reste qui serait bien plus intrigant (la scène de la baleine remorquée où on apprend que les chasseurs les tuent pour un truc liquide qui bloque le vieillissement.. c'est trop long, nul et inutile, et on passe presque 20 minutes là-dessus, à enquiller les clichés du chasseur bof et bête et du scientifique un peu plus gentil quand même. En fait, globalement toutes les scènes du colonel qui n'ont comme seul intérêt de le voir meugler pour bien nous montrer qu'il est méchant.) Même les séquences de Sigourney Weaver.. Elles sont réellement nanardesques.

Cela dit, le fait qu'il y ait des thèmes intéressants survolés est un aspect qui m'a plu, car le film reste très première degré dans sa narration et prend donc très au sérieux les situations. Ce qui me fait dire que l'époque blagounette des films Marvel finira peut-être par être résolu. Mais ça n'est en rien pour une révolution particulière. Tout dans Avatar 2 s'inscrit dans une norme de blockbuster qui n'essaie jamais de changer un peu les codes narrativement. Et ce n'est pas la première chose que je critique quand je vois un film, la mise en scène m'importe plus. Mais quand tout le long métrage se dresse sur la volonté de faire un récit épique, ça ne peut pas très bien fonctionner si la narration ne suit pas.

Et quand bien même la qualité visuelle est incroyable, la mise en scène ne l'est pas forcément. Elle est très irrégulière dans sa manière de filmer les fusillades par exemple : elles sont un peu illisibles au début, mais sur la dernière heure on a quelques idées de mise en scène qui relèvent le niveau, et où on sent vraiment les poings, les flèches, la matérialité finalement des conséquences des chutes, des coups. Mais dans le reste du film, tout est assez mou dans le rythme et l'action, alors que le visuel est pourtant effectivement magnifique.

Ca soulève donc de nouvelles questions concernant l'avenir des blockbusters : est-il si révolutionnaire que ça ? Pour moi non. L'aspect visuel et technique continuera à prendre le dessus sur la qualité du film en tant que tel sur ce genre de productions j'ai l'impression, alors qu'on peut pour moi tout à fait assumer un scénario un peu prévisible et cliché tout en offrant une expérience cinématographie folle, comme l'a pu faire Top Gun : Maverick sur moi cette année. Et même si Avatar 2 est largement meilleur que la plupart des daubes hollywoodiennes qui sortent depuis ces dernières années, il n'en reste pas moins très enfantin et ne cherche pas à être complexe dans sa mise en scène, ni dans ses personnages alors que tout le ton est donné dans le film pour qu'il le soit. Comme le Avatar premier du nom, mais avec juste des effets visuels bien plus réussis.