épisode filler
Je suis, moi aussi, allé communier à la grand-messe du cinéma et je me dis que c'est pas possible... Il faut interdire James Cameron d'approcher de près ou de loin d'un outil scripteur (quel qu'il...
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le 20 déc. 2022
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C'est fou mais avant même d'aller voir ce film je savais qu'il me mettrai dans une position compliquée pour un tas de raisons. La première, évidente, c'est le rabattage médiatique auquel on a droit depuis maintenant plusieurs mois et même plusieurs années nous vendant le long métrage de James Cameron comme celui qui sauvera le cinéma de grand spectacle à l'américaine. Un peu comme pour le kaamelott d'Alexandre Astier, j'ai l'impression que le public avait déjà accepté le fait que le film était un chef d’œuvre avant même de l'avoir vu.
Évidemment ça n'a pas loupé, la sortie tant attendu a vue déferler sur les réseaux sociaux un ras de marré de critiques toutes plus hyperboliques les unes que les autres.
"Meilleurs film de tous les temps", "une honte pour les autres films sortis cette année", "une claque monumentale", "Cameron est un génie", etc ...
Sauf que dans cette situation, je suis systématiquement déçu. J'ai beau avoir l'habitude que le public exagère systématiquement la qualité des œuvres dès qu'elles sortent un petit peu du lot, je n'ai pas pu m’empêcher d'attendre cet Avatar comme un gosse. Et comme prévu, j'ai été un poil déçu.
Le problème avec Avatar, que ce soit ce film ou le précédent, c'est qu'on est face à ce que j’appellerais "l'effet beaux graphismes" en jeu vidéo. Dès qu'un jeu sort avec des graphismes photoréalistes bluffants et une technique impeccable tout le monde semble fermer les yeux sur tous les autres aspects du jeu. C'est exactement ce qu'on a ici. Oui, Avatar était une révolution technique qui mettait une gifle visuelle intersidérale à tout film voulant approcher de prêt ou de loin des images de synthèses, et cette suite reproduit cet exploit. "La voie de l'eau" est magnifique, les textures sont criantes de réalismes, les couleurs sont splendides, l'Imax est terriblement immersive et bien utilisée, le HFR donne une fluidité rarement vue dans un film de cette ampleur (même si elle n'est pas tout le temps là, donnant parfois une impression d'image saccadée), l'eau est criante de réalisme, le motion capture donne toujours des résultats dingues, etc ...
Ça, tout le monde semble être d'accord dessus, comme le montrent les centaines de tweets ébahis ventant les mérites des effets visuels du long métrage. Sauf que tout le monde semble oublier qu'un film c'est pas juste des beaux visuels ... non ? Il faut une histoire, un travail de mise en scène, des acteurs convaincants, des émotions, de l'enjeu, enfin pleins de trucs importants pour tenir le spectateur en haleine surtout quand le film en question porte bien son nom de "long métrage" en se payant le luxe de durer plus de trois heures.
Et sur cet aspect là, il faut bien constater que le film ne sort pas particulièrement du lot finalement. Une fois passé le "WOW effect" des premières minutes, on observe une histoire très basique, sans véritable enjeu, avec des ficelles scénaristiques souvent trop apparentes et des antagonistes vraiment beaucoup trop manichéens (le méchant qui rigole en détruisant des espèces menacées et qui prend plaisir à torturer des gosses devant ses parents sans motivation particulière vraiment c'est trop pour moi, on se croirait dans une série B).
Pire que ça, si on compare cette suite à son prédécesseur on semble même régresser sur cet aspect là. Le premier Avatar n'était finalement qu'une réinterprétation de l'histoire vue et revue des méchants colonisateurs occidentaux qui viennent embêter des gentils indigènes, avant qu'un des colons ne soit prit de remords et rejoigne les locaux pour montrer que la nature et l'amour sont plus forts que la haine et la technologie (ironique venant d'un film loué pour sa technique quand on y pense). Mais cela suffisait car James Cameron arrivait à raconter cette histoire avec un panache et une puissance dingue. L'enjeu était palpable, les émotions réelles et le spectateur était véritablement impliqué. Le film méritait ses 3 heures et donnait l'impression d'être une véritable Odyssée.
En comparaison, cette suite semble n'avoir aucun impact ou enjeu. Cameron semble vouloir faire de son Odyssée épique une histoire de famille, ce qui a forcément pour effet réduire l'aspect spectaculaire de l'ensemble. Il n'est plus question d'une guerre intestine entre deux espèces et d'une lutte pour la survie de toute une civilisation, mais de la survie d'une simple famille. Sans compter que je trouve que cette famille est finalement très banale : la fille adoptée qui ne trouve pas sa place, les frères casses cous qui aiment se battre, la petite curieuse, ... Rien d'autre ne les caractérises vraiment, tant bien que j'ai mis 2 heures à réussir à différencier les deux frère. Tout est terriblement artificiel et prévisible (le fils qui tombe instantanément amoureux d'une fille de la tribu de l'eau d'un simple regard mais sérieux).
Tout cela fait qu'on se sent moins investi, à tel point que la grande scène émotion de mort d'un personnage important n'a pas réussi à m'émouvoir, alors que je suis encore marqué par la chute de l'arbre maison du premier film.
En soit je ne boude pas mon plaisir, Cameron est un excellent réalisateur et le film est bien au dessus du lot de tout ce qui se fait en terme de blockbuster d'action américain ces dernières années, mais tout cela me semble un peu vain. Oui, le film est plus beau que jamais, mais le premier film arrive à être tout autant si ce n'est plus impressionnant avec des effets moins aboutis. Je pense qu'on atteint là la limite de la course au photoréalisme : à quoi bon vouloir repousser à ce point les limites de la technique visuelle si ce n'est pour servir de vitrine technologique ? L'effort est louable mais il faudrait songer à ne pas perdre tout esprit critique dès qu'un réalisateur arrive à reproduire des textures d'eau avec un réalisme bluffant. Le cinéma n'est pas juste technique, et je préfère avoir un film intéressant avec des visuels imparfaits qu'un film bluffant techniquement mais vide.
Créée
le 24 déc. 2022
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