Gore to the picture
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Et c'est comme ça que les studios ont finis par appliquer un filtre de comédie à ce qui devait être un univers sombre et poisseux. Parce qu'un film qui s'assume dans sa radicalité, ça ne rassure pas les studios possédant les grandes licences, un film plus fade a forcément un publique plus large.
Dès la sortie, c'est la douche froide. Tout le monde crie au navet, voir au nanar. Le publique se sent trahis, le film n'a aucune saveur, aucune pâte particulière, et la promesse de la première bande annonce n'est pas tenue. Et avec tous ces retours, j'ai préféré ne pas gâcher mon temps avec le film qui allait annoncer une grande crise existentielle chez Warner.
En effet, les studios répèteront cette erreur un peu plus tard avec Justice League, entièrement dénaturé du style de Snyder pour en faire un sous-Avengers sans âme, et avec Shazame, un film que tout le monde a déjà oublié. A vouloir faire comme Marvel, DC a juste réussis à devenir une contrefaçon.
Cependant, on sent un vent de renouveau depuis quelques temps. Warner a en effet donné carte blanche à Todd Philips pour son Joker qui sortait clairement de ce que l'on peut attendre d'un film DC plus classique, la sortie de la Snyder Cut a redonnée foi aux fans, et le prochain Batman de Matt Reeves semble lui aussi sortir des sentiers battus. On sent clairement que les studios cherchent à donner plus de liberté à ses créateurs, quitte à abandonner l'idée de l'univers attendu qui limitait trop les possibilités.
En parlant d'auteurs, il est temps de s’intéresser à celui qui nous préoccupe ici : James Gunn. Faisant ses débuts avec des films de genres bien cradingues, sanguinolents et décérébrés, il a d'abord été engagé par Marvel pour réaliser les deux films Gardiens de la Galaxie, des films sympathique (surtout pour du Marvel) mais pour lesquelles on sent bien que le bonhomme a dû se retenir sur la violence et le n'importe quoi pour convenir au grand publique.
Cette relation n'a malgré tout pas duré longtemps puisque le réalisateur s'est vu viré de chez Disney, la faute à quelques anciens tweets jugés "problématiques" par les studios. Il n'aura alors pas fallu attendre longtemps avant que la concurrence lui propose de réaliser la suite / reboot du film qui était jusqu’ici la honte des studios, mais avec carte blanche cette fois-ci.
Et bon sang qu'est-ce que ça fait du bien de voir un film issu d'une licence aussi sage que DC comics oser aller à fond dans le grotesque et le dégueulasse. On sent bien que James Gunn fait absolument ce qu'il veut avec l'histoire et les personnages. Le sang gicle, des personnages importants meurent de façon débile, les costumes sont ridicules, le grand ennemi final n'a aucun sens, etc. ...
Il n'y a plus ce problème initial de film qui ne s'assume pas : ici, le film est vendu comme une comédie débile et décérébrée, et c'est exactement ce qu'il est. Mais ce qui relève de l'exploit, c'est surtout que Gunn arrive à nous attacher à ses bras cassés immoraux et irresponsables. Ils sont tous bien caractérisés, avec leurs passés, leurs faiblesses, leurs névroses et leurs grains de folie. Et franchement, pour réussir à rendre attachant un personnage qui jette des paillettes avec un costume multicolore, il fallait le faire.
Sans compter que si le film raconte des évènements absurdes, il ne se perd pas n'importe où, sait où il va et ose même poser des moments touchants et parfois même vraiment hors du temps (je pense à cette scène en boite de nuit qui semble irréelle et qui arrive à être à la fois touchante et drôle).
En fait, entre The Dark Knight, Joker, Logan et ce film, je me dis qu'il faut vraiment que les studios qui possèdent les grandes licences arrêtent de brider leurs auteurs pour faire des films conformistes. En ayant carte blanche les réalisateurs expérimentent, tentent des trucs, et rendent populaire un cinéma qui est d'habitude moins grand publique. Ça ne donne pas forcément des bons films, mais ça donne des films qui essaient, et c'est déjà pas mal.
Créée
le 26 août 2021
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