Je ne suis pas un "gros" fan de la série Kaamelott. Je fais plutôt partie de ces gens qui restent à la regarder lorsqu’ils tombent par hasard dessus en zappant les rares fois où ils sont devant la télévision. Néanmoins, j'ai pas mal suivi l'engouement collectif autour de l'annonce du film, que ce soit les prises de paroles énigmatiques d'Alexandre Astier ou encore l'avalanche de théories de fans surexcités. Autrement dit, je me suis quand même mis à la page en regardant différentes vidéos de résumés et autres analyses de personnages (principalement celles de la chaîne Sy Play pour ceux que ça intéresse), par flemme de rattraper l'entièreté de la série. J'étais donc largement préparé à prendre l'histoire en route, et j'étais même assez motivé à l'idée de voir le premier vrai blockbuster d'Alexandre Astier au cinéma, sachant que j'avais vraiment aimé ces deux précédentes coréalisations que sont les films d'animations Asterix (je n'ai pas vu David et Madame Hansen).


Cependant, plus la date de sortie du film se rapprochait, plus tout ça commençait à sentir mauvais. Pour commencer, ce qui me semblait être une communauté de fans ravis de pouvoir enfin profiter sur grand écran de la suite de leur série préférée commençait à ressembler à une forme un peu trop exagérée de culte de la personnalité. Au fur et à mesure que les bandes annonces et images du film apparaissaient, les fans criaient au génie, alors que rien ne laissait présager que le film allait sortir du lot.


Or, j'ai commencé à comprendre que quand une œuvre ou un produit quelconque est acclamé longtemps avant sa sortie, la déception est presque toujours au rendez-vous. Pour ne pas arranger tout ça, Astier lui-même s'est mis à survendre son film en mettant en avant le temps de production "colossal", son incroyable caméra à la qualité inégalée, ou encore les différents questionnements métaphysiques qu'incarnent le personnage d'Arthur. Bref, tout ça me semblait un peu exagéré à la vue de ce qu'avait produit le réalisateur par le passé et des premières images que nous avions à nous mettre sous la dent.


Et enfin, le film sort en salle, ayant en plus subit le Covid (entraînant le retard de sa programmation et une baisse des entrées avec le pass sanitaire). Et alors, au final, qu'est-ce que ça donne ? Et bah comme prévu, c'est malheureusement pas foufou.


Pour commencer, je pense qu'on peut dire que c'est bien beau d'avoir une super caméra qui donne une super image pour de supers décors naturels, mais que si c'est pour faire durer les plans une demi seconde et filmer l'action en zoomant ça gâche un peu l’intérêt. Et tout ça est franchement dommage parce que les décors et les costumes ont véritablement bénéficié d'un soin particulier, donc pourquoi tout gâcher avec des cadres serrés et un montage épileptiques ?


Ce qui nous emmène à un autre problème : le film n'a pas le temps. Tout va trop vite, tout le temps, si bien que le retour tant attendu du roi Arthur au royaume se fait finalement très rapidement, et d'une façon, disons, ... euh ... particulière ? Sa première apparition à l'écran, après toute ce jeu avec le spectateur pour préparer son arrivée, fait l'effet d'un pétard mouillé tant le film n'ose pas poser l'instant pour appuyer la mise en scène.


Le pire, à ce niveau, est pour moi son retournement de veste absolument expédié en deux secondes. Le personnage passe la première partie du film à ne pas vouloir redevenir roi, il retrouve certains personnages LITTÉRALEMENT par hasard au coin d'une forêt, et change subitement d'avis.


Les scènes d'actions, quant à elles, sont encore une fois ratées, les combats bénéficiant d'une chorégraphie franchement ridicule et l'enjeu dramatique étant expédiés. Mais le point le plus décevant du film, pour moi, c'est l'humour. Le timing comique cher à Alexandre Astier et qui faisait le sel de la série ne marche tout simplement plus, à un point où je me suis même par moment sentie mal à l'aise face à certaines blagues (à l'exception de la scène de la porte dans la tour de Guenièvre, qui marche parce qu'elle prend le temps de se poser).


En fait, je pense qu'Astier a pris ce projet trop à cœur, au point où il a laissé son ambition (et son égo aussi, il faut le dire) prendre le dessus sur le raisonnable. Lorsqu’il participait à la réalisation des deux films Asterix, il expliquait clairement qu'il devait déléguer le travail de réalisation à Louis Clichy, professionnel de l'animation, pour se consacrer à l'écriture et aux dialogues, qu'il maitrise, ce qui donne des films entiers, qui bénéficient de l'expertise de plusieurs personnes. Ici, il s'est dit que Kaamelott étant son bébé et son projet le plus ambitieux, il devait tout faire tout seul. On se retrouve ainsi avec un Alexandre Astier cadreur, réalisateur, scénariste, et même compositeur, et il est évident que c'est bien trop difficile à gérer. Personne n'est bon en tout, et même les touche-à-tout du cinéma comme Xavier Dolan n'ont pas cette polyvalence, le cinéma est un art collectif.


Ce film manque de recul, d'une véritable exigence, comme si on avait laissé le réalisateur tout faire en disant "c'est très bien continu tu es très doué" sans oser apporter de critique constructive. A en juger les critiques, j'ai l'impression que le public se comporte avec le film comme lorsqu’un youtubeur sort un projet avec un peu plus d'ambition que d'habitude : on applaudit les moyens et le travail (qui est colossal, je n'en doute pas), et pas le produit final. Comme si on voyait le cinéma comme un produit d'usine, et non comme un art.


Sans compter que cette démarche est particulièrement infantilisante, puisque des films ambitieux avec beaucoup de moyen et de travail il en existe plein, mais là, dans la tête des gens c'est différent parce que "c'est un film français" (comme si c'était le seul dans ce cas-là), et que c'est une suite de série. Autrement dit, comparé à la série, c'est impressionnant, donc c'est bien. Le film a beau ne pas tenir la route en termes de qualité par rapport à ce qui se fait ailleurs, comme on considère qu'il vient de loin et que l'intention est bonne, "pas le droit de critiquer, c'est le meilleur film du monde".


En ce qui me concerne, je pense que Kaamelott brillait justement par son format de série. Moins ambitieux, et surtout plus propice aux situations comiques et à l'évolution narrative que nécessite un récit avec autant de personnages. Là, on dirait qu'Astier s'est perdu à vouloir en faire trop, et à retirer tout ce qui faisait le sel du produit de base sans arriver à ajouter du vrai sang neuf.

mimiche37
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le 17 août 2021

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