épisode filler
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Incontestable et retentissant, tel fut le succès d’Avatar, pourtant sujet à des vérités contradictoires de prime abord : car, oui, la révolution technique y côtoyait une intrigue au mieux classique, au pire rabougrie (et prévisible), l’enchantement formel habillant au mieux une trame convenue mais (heureusement) efficace. Si nous pouvions dès lors penser que les treize années de développement n’entameraient pas l’attente de ses plus fervents aficionados (tout le contraire même), il était à craindre que lassitude et désintérêt ne croissent de côté des spectateurs modérés (et ses détracteurs loin va sans dire).
Pourtant, la réalité semble toute autre à l’aune de chiffres renversants, appuyant le caractère creux des raisonnements binaires : car la promesse de grand spectacle, le genre de ceux qui scotchent viscéralement, faisait d’Avatar: The Way of Water une grand-messe immanquable des salles obscures, quand bien même tout ou partie des reproches adressés à son aîné y seraient répliqués. De facto, il s’avère que les deux premiers volets d’une franchise en devenir (quoique cela soit un euphémisme) sont semblables en bien des points, ce dernier-né réitérant un formidable exploit technique au service d’un récit jamais surprenant.
Quitte à garder le meilleur pour la fin, abordons donc en premier lieu les limites de ce mastodonte de l’industrie hollywoodienne : rien de nouveau au soleil tant dans ses thématiques (famille, fardeau de l’autorité paternelle – et ses invariables clichés, responsabilité et solidarité... option bons sentiments prédominants), sous-textes (encore que, sa patte écologique et anticapitaliste est si ostentatoire qu’il conviendrait plutôt de parler de message scandé haut et fort) et intrigues, lesquelles recyclent les grands axes du précédent opus et justifient un exode de façon très maladroite.
La fuite des Sully, prétexte à la découverte des Metkayina, ne fait ainsi que repousser à plus tard l’inévitable, conférant des allures d’épisode transitoire à un film prétendant malgré tout à davantage. Si nous regretterons donc un schéma déjà-vu, heureusement sauvé par un final en grande pompe, il est surtout dommage que le fil rouge soit à ce point « nu » dans son déroulé, The Way of Water cultivant des clichés décidément tenaces et y perdant des plumes émotionnelles. Car, il faut bien le reconnaître, celui-ci est tellement sensationnel dans sa plastique et simplicité (ou sincérité, c’est selon) scénaristique qu’il parvient à nous immerger tout du long, capable de surcroît de prodiguer émerveillement béat et empathie confinant aux larmes.
Preuve strictement personnelle d’une atmosphère et d’une exécution malgré tout efficientes à souhait, The Way of Water parvenant à tirer le meilleur de ses atouts dantesques et, contre vents et marées, de ses écueils chroniques. Dès lors, libre à nous de nous appesantir et pester sur les développements tronqués de sa galerie, ou bien de nous livrer corps et âme au rayonnement sans équivalent de son imagerie technique, orchestrale et, à sa manière, organique. Ou un peu des deux, la nuance ne faisant jamais de mal. À plus forte raison que tout n’est pas noir ou bleu : si Jake Sully déçoit, Neytiri impressionne au terme d’une performance bestiale, suspendue aux affres d’une peine vengeresse ; si nous devinons très vite que le fils prodige se sacrifiera pour le bien d’un cadet turbulent, son trépas et les conséquences en découlant nous submergent pour de bon... et ainsi de suite.
Deux remarques annexes avant de conclure : le recours à l’anglais parmi une pléthore de natif de Pandora est des plus curieux, cela allant à l’encontre d’un rejet logique et manifeste ; enfin, dans une veine cette fois-ci technique, l’usage du Variable Frame Rate est un choix quelque peu douteux, d’abord parce que l’alternance saute aux yeux, ensuite parce que les 48 FPS fluidifient à telle point l’action que celle-ci n’en devient que plus lisse (les variations de fréquences affermissent cette impression).
The Way of Water, déjà voué à la postérité de par sa seule réussite au box-office, est donc un nouveau paradoxe, mariage de l’incroyable et de l’attendu... quid de la suite ? Un (nouveau) bis repetita timide en termes d’évolutions ou bien un bouleversement dans tous les sens du terme ? Le bon sens voudrait que cela tienne des deux, mais tout est possible avec James Cameron, auquel nous ne pourrons pas retirer tout le mérite d’un travail considérable et remarquable, aussi perfectible serait-il.
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le 23 janv. 2023
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