17e film des frères Ethan et Joel Coen depuis 1984. Après Inside Llewyn Davis en 2013
Synopsis : Dans les studios cinémas de Capitole, Eddie Mannix fait régner l’ordre sur Hollywood. Son titre officiel : chef de production. Mais en réalité, il est fixer. Il règle tous les petits problèmes. Il faut trouver un rôle masculin pour compléter une distribution ? Il a quelqu’un qui fera l’affaire. Des voisins se plaignent une nuit d’orgies avec des photos olé-olé ? Il intervient avant la police, c’est une erreur, y a rien à voir. Une actrice tombe enceinte sans être mariée, d’un réalisateur qui lui l’est déjà ? Rdv à la case juridique, on va trouver une solution.
Jusqu’à ce que la vedette principale du péplum biblique qui monopolise les studios disparaisse. Il faut continuer à gérer toute la ménagerie et tâcher de remettre la main dessus, quitte à payer une rançon à ses kidnappeurs.
D’emblée, je vous le dis : il s’agit d’une comédie. Pourtant les frères Coen avaient dit avoir bouclé leur trilogie des idiots initiée par O’Brother en 2000 avec l’ami Georges Clooney. Pourtant on a tout ce qu’il faut pour penser qu’ils suivent à nouveau cette voie-là.
Car le Eddie Mannix interprété par un Josh Brolin toujours entre deux eaux, jamais franchement comique, jamais totalement dans le film noir, n’est pas un enfant de chœur. Oui car il a vraiment exercé le rôle de crayon et de gomme dans les studios de la MGM pendant les années 40 et 50, lorsque les acteurs et actrices signaient des contrats d’exclusivité. Il fallait alors garder une image intacte, à base d’acteurs/actrices sans problèmes, d’alcool, de drogue, de sexe, de violence, d’abus en tout genre et bien évidemment tous et toutes strictement hétérosexuelLEs… Cet homme issu de la mafia œuvrait dans l’ombre et on sait par des témoignages comme ceux de l’actrice Ava Gardner qu’il a à son palmarès des réussites comme l’adoption de sa propre fille par l’actrice Loretta Young quelques mois après un accouchement secret, le déni total et nihiliste du viol de la figurante Patricia Douglas, la tenue du bordel de sosies d’Hollywood, tellement bien raconté par MacCormac et adapté dans un de mes films préférés L.A Confidential. (Si vous voulez en savoir plus, vous avez donc un livre et un film éponyme ou un article récent du Monde au sujet du monsieur).
Loin de cet univers sombre et rapace, Ethan et Joel Coen ont préféré faire une sorte de film à scénettes. On rebondit d’un plateau à l’autre, au gré d’un casting hyper généreux mais également frustrant puisqu’on ne prend jamais le temps de nous laisser nous attacher aux personnages de Scarlett Johansson, Tilda Swinton, Christophe Lambert ou Ralph Fiennes.
Quelques scènes mémorables tout de même, un échange théologiste hilarant, une intervention de marxisme élémentaire, une scène chantée et dansée en claquettes par Channing Tatum. Un off presque muet et totalement génial avec Frances McDormand (mariée à Joel Coen, récompensée pour son rôle de flic de province enceinte dans Fargo). Je n’en dis pas plus. Malgré ça, la mayonnaise light ne prend pas. Peut-être aurait-il été préférable de verser davantage dans ce thriller grinçant dont ils sont de fabuleux artistes ? Je pense à No country for old men. Et je suis râleuse car je regrette des Steve Buscemi, Jeff Bridges, John Goodman (ou Julianne Moore, qui porte mon prénom dans The Big Lebowski).
Le spectacle paraît un peu long. Sur 1h45, c’est dommage. Pourtant je vois bcp de choses positives : Alden Ehrenreich en acteur de western recyclé à la va-vite, qui y met tellement du sien ! Il vaut tellement plus que son rôle dans l’affreux Sublimes créatures…
Le divertissement est là cependant. Merci à la photo sublime et parfaite de Roger Deakins, le fidèle de la famille. Récompensé par le passé pour Skyfall, The Barber, no country for old men dont je parlais à l’instant, Kundun (Scorsese), Les évadés (Darabont).
Donc on se contentera de dire que c’est un film mineur et récréatif des frères Coen qui ont eu envie de parler de cette période du maccarthysme où on craignait moins les Rouges, les Communistes, que d’être accusé par un comité d’actions anti-américaines (être socialiste, homosexuel, syndiqué, une femme indépendante, etc.).