Tout d'abord il faut savoir que mon rapport aux frères Coen peut sembler étrange. Je n'ai vu que deux de leurs films (beaucoup trop peu pour avoir un avis général). J'étais plié de rire devant Fargo, mais suis resté stoïque devant No Country For Old Man.
Je suis donc allé voir Hail Cesar en sachant une chose: je vais voir un film sur le cinéma (qui se trouve être réalisé par les Coen). Et c'est avant tout pour ça que je l'ai aimé. On retrouve bien évidemment leurs touches d'humour qui m'ont d'ailleurs beaucoup fait rire (l'arrivée du sous marin, tellement exagérée qu'elle en deviens absolument hilarante), mais ce n'est pas le cœur du film. On suit Eddie Mannix (Josh Brolin) qui nous relie à tous les genres et les problèmes du cinéma des 50's sans pour autant donner le sentiment que l'un est plus important que les autres (non, même pas George Clooney). Si cette structure donne à certains une impression de film à sketch totalement décousu et sans structure solide, j'y ai plutôt vu une tentative de faire un panorama le plus large possible du cinéma à son apogée (en terme de production, je ne suis pas là pour juger de ça qualité, surtout que je suis loin d'être un grand connaisseur de l'époque), comme une déclaration d'amour à ces films qu'ils aiment tant.
Comment donc ne pas aimer Hail Cesar lorsqu'on s’intéresse un minimum de l'histoire du septième art? Surtout que le tout est emballé par un délicieux paquet, composé d'un casting super cool, chaque acteur faisant au minimum, une bonne performance. Et c'est encore plus fort lorsque certains se détache de cette moyenne déjà plutôt élevée pour nous livrer des personnages géniaux. Je pense surtout à Scarlett Johansson qui nous présente un accent sortit de nul part qui rompt complètement avec son apparence (voilà l'humour des Coen que j'aime) ou encore le jeune Alden Ehrenreich si attendrissant qui joue avec son lasso comme un enfant lorsqu'il attend une femme qu'on lui impose mais avec laquelle il reste la personne la plus sympathique du monde. Et que dire de la prestation physique de Channing Tatum, en danseur de claquettes qui se donne à fond. Bref que du bon côté acteurs.
Pour finir cette critique je voudrais revenir sur la fin du film (comme c'est original), avec le dernier plan notamment. On nous dit donc que
Mannix va juste continuer son histoire et refuser le job qu'on lui propose pour continuer de faire ce qu'il aime, bosser dans le cinéma et que l'histoire ne s’arrête pas là mais continue
.On m'a rapporté que cette fin serai brusque et inattendu et aurai ruiné l'expérience de certains spectateurs. A cela j'aimerai répondre que l'objectif du film n'est pas de raconter une histoire mais de nous plonger dans l'Histoire (oui j'aime bien jouer sur les mots) du cinéma à travers les 50's. L'objectif des frérots est de nous montrer ce à quoi pouvais ressembler la vie sur cette petite tranche de temps, mais la vie n'a pas de fin, elle est en perpétuelle continuité et renouveau, même après la mort de l'individu à travers ses enfants. Hail Cesar est donc un très bon film sur l'histoire et la vie du cinéma en lui même et ce qui le rend si attachant et intéressant à suivre au cours de son évolution.
Ou alors c'est peut être encore l'humour bizarre des Coen et que je suis à côté de la plaque.