Ce qu’on ne peut pas reprocher aux frères Coen, c’est de pas transformer leur cinéma en une industrie à haut rendement, et ce malgré un énorme succès. Ave, César ! n’est que le troisième film depuis 2010 des frangins les plus connus du cinéma. A ce rythme-là, on pourrait s’attendre à visionner de véritables pépites à tous les coups avec un scénario béton, des dialogues de hautes volées et une mise en scène parfaite. Leur dernier opus, Inside Llewyn Davis, était une immersion réussie dans un New-York des années 60 avec ce jeune chanteur de folk attachant, Llewyn Davis. Malheureusement, Ave, César ! n’est pas à la hauteur de l’attente et de la qualité dont nous avez habitué ces réalisateurs.
L’histoire se déroule à Hollywood dans les années 50, une période qui sonne la fin du Studio system, formé de 8 major studios, où la production et la distribution était sous le contrôle du major qui réalisait le film. Durant cette période, les studios avaient pour habitude d’engager un fixer pour régler les problèmes des stars qui pourraient entacher leur image. Eddie Mannix, incarné par Josh Brolin, est un fixer constamment accaparé par ses multiples missions. Un jour, la star Baird Whitlock, interprété par George Clooney, est kidnappé et rançonné par des scénaristes communistes. Mannix va devoir tout faire pour le récupérer car le studio a besoin de l’acteur pour terminer une grosse production en cours, Ave, César !.
Les décors et l’esthétique de la mise en scène est la bouée de sauvetage de ce film. L’ambiance des années 50 et la grandeur de ces plateaux de tournages où toutes les scènes y étaient tournées plongent le spectateur dans une ambiance propre à cette période. Avec les indétrônables Roger Deakins à la photographie, Carte Burwell à la composition et Mary Zophres aux costumes, l’équipe des frères Coen est décidément d’une longévité exceptionnelle. La forme est donc présente, mais c’est le fond qui pêche.
Le casting regroupe quelques habitués dont les deux acteurs principaux, Josh Brolin et George Clooney, des anciens amours dont la pulpeuse Scarlett Johansson en starlette enchaînant les mariages ou Tilda Swinton en journalistes et aussi quelques nouvelles figures dont Channing Tatum en Gene Kelly, star d’une comédie musicale avec l’indispensable numéro de claquettes. Le casting est certes prometteur, mais reste globalement un flop. Scarlett Johansson n’est là que pour apparaître sur la bande annonce et ameuter du public pour mater son décolleté durant la scène où elle est déguisée en sirène. Le personnage de Channing Tatum était prometteur, mais ses apparitions se font tellement rares que l’on oublie rapidement son rôle. Reste Josh Brolin courant sans cesse après le temps dans des costumes lui donnant des allures de petit pingouin et George Clooney dans un personnage naïf et peu convaincant.
Le plus gros défaut de ce film reste sans doute l’absence cuisante d’humour. Pourtant habitués aux répliques et situations absurdes et hilarantes, les frères Coen n’ont pas réussi à transmettre cet élément clef qui faisait la force de leurs plus grands films, dont Fargo, The Big Lebowski ou encore O’Brother.
Bref, j’ai été déçu…