Ignorant de l'univers des frères Cohen (oui, ça existe encore), je me suis rendu dans cette salle obscure sur l'impression positive de réalisation déjantée qui m'avait frappé la rétine lors d'une bande annonce promotionnelle du film.
Avec un casting flamboyant d'acteurs hétéroclites qui semblaient ne pas se prendre au sérieux, comment résister ? Bien m'en a pris car j'ai souvent étiré mes zygomatiques de jubilation non contenue.
Le spectateur non averti et peu connaisseur du cinéma des années 50-60 découvre avec plaisir comment Hollywood produisait à la chaîne des œuvres légères destinées à divertir les masses laborieuses écrasées par ... le travail justement. Josh Broslin campe avec justesse le directeur des studios. Il doit faire face à toutes sortes de problèmes d'intendance : remplacement d'acteurs au pied levé, sollicitations diverses, journalistes à l'affût d'un scoop, voire enlèvement de vedette. Ce dernier point se révèle épineux car ledit acteur vedette, joué par un Georges Clooney très inspiré (la foi sans doute), incarne un général romain hypnotisé par l'aura du Christ dans un péplum à très gros budget.
Dans une farandole de stars qui cabotinent allègrement (Ralph Fiennes, Scarlett Johansson, Channing Tatum et même notre Christophe Lambert national !), le directeur va faire face avec une abnégation sans failles (la foi sans doute) à ce joyeux chaos humain.
Ajoutez à cela une touche de chasse aux sorcières sur de pauvres scénaristes qui travaillent en sous-marin et vous obtenez un cocktail détonnant ! Un scénario à 100000 dollars au bas mot.
Cela dit, la narration oscille parfois entre le génial et le brouillon (à moins que les excellentes idées exposées ne soient pas pleinement exploitées), contribuant à perturber un peu le spectateur qui se demande dans quel film il est tombé (surtout s'il ne connaît pas le reste des œuvres des frères Cohen).
Au final, il est difficile de décréter si cet Ave César mérite des lauriers.
Comme dirait un acteur de western qui semble s'être égaré dans une comédie sentimentale, "c'est... compliqué".