Claire Denis est une cinéaste particulière à la filmographie éclectique au niveau des genres abordés (social, horreur, science-fiction, drame, ...) mais toujours à sa manière : singulière, âpre, peu accessible et très exigeante. Il n’est donc guère étonnant de voir que la plupart de ses films ne plaisent pas au grand public et n’ont pas de succès en salles. Mais elle a certainement une base de fans, comme un public de niche, qui lui permet de continuer à tourner de manière régulière malgré tout. D’ailleurs, alors que sort « Avec amour et acharnement », un autre de ses films, « Stars at noon » était présenté à Cannes en Compétition en mai dernier. Ici, elle retrouve deux acteurs avec qui elle a déjà tourné, Juliette Binoche (dans « Un beau soleil intérieur ») et Vincent Lindon (dans « Les Salauds », entre autres) qui forme un duo inédit et incandescent auquel on croit. Comme souvent les deux acteurs sont magistraux et leur association à l’écran fonctionne très bien et figure la qualité essentielle la plus évidente de cette œuvre.
On pourra même avancer que c’est quasiment la seule et principale raison qui mérite de voir « Avec amour et acharnement » car cette œuvre de Denis ne déroge pas à la règle et s’avère quelque peu retorse et un peu rêche à appréhender confirmant, son statut de cinéaste d’auteur dans le sens le plus strict du terme : c’est-à-dire un peu chiant... Ici, elle s’attaque au sujet de la passion dévorante à travers un drame romantique et psychologique particulièrement ténu dont les défauts surpassent les qualités. Le sujet était intéressant et le trio d’acteurs choisi particulièrement malin mais le résultat n’est pas à la hauteur. Le tout début commence bien puis tout cela patine vite et se perd dans des circonvolutions et des détours inutiles qui finissent par nous perdre. Si dans la dernière demi-heure la cinéaste empoigne enfin son sujet, il est un peu tard pour regagner notre intérêt.
Le film dure près de deux heures et si la cinéaste s’était abstenue de développer une sous-intrigue inutile pour se concentrer sur son sujet de base, « Avec amour et acharnement » y aurait gagné. En effet, l’histoire de la prison passe encore mais pourquoi Diable s’embarrasser du personnage du fils vivant chez sa mère qui n’apporte strictement rien au récit et ne se conclue même pas. Ensuite, si on privilégie les silences, les gestes et les regards, c’est un choix assumé et qui en vaut un autre mais pour un film sur la passion, ce long-métrage en manque terriblement. Et que dire de cette musique pompeuse et envahissante qui surligne tout et se révèle bien trop imposante. On aurait aimé être davantage emporté mais hormis quelques fulgurances dans des scènes d’affrontement bourrées d’intensité sur la fin, on reste circonspect et au bord d’un ennui poli que provoque ce type d’œuvre trop auteuriste.
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