C'est vrai que ce traitement léger, presque insouciant pour traiter de l'arrivisme a de quoi déconcerter, d'autant que le film date de 1936 ! Et pourtant, on finit par s'habituer à cette curieuse façon d'aborder le sujet, aidé notamment par un scénario tenant bien la route, des situations crédibles et surtout les impeccables prestations de Maurice Chevalier et André Lefaur. Mais le mérite revient aussi grandement à Maurice Tourneur qui, de façon très habile, parvient à nous rendre presque sympathique le personnage de Victor, celui-ci restant toujours logique avec lui-même.
De là vient d'ailleurs probablement la réussite de l'œuvre : réussir à nous intéresser à un héros peu fréquentable, tout en nous offrant la possibilité de nous identifier à un autre qui, lui, va tout perdre, car trop honnête... Bref, sans provoquer l'enthousiasme, « Avec le sourire » montre néanmoins beaucoup d'esprit et d'adresse pour nous séduire du début à la fin, conclu par un dénouement doux-amer d'assez bonne facture.