Welcome to the 21th century.
Alors c'est ça le fameux blockbuster ultime ? Le projet fou réunissant quelques uns des plus grands super-héros issus de l'écurie Marvel ? Ben c'était bien la peine d'enterrer "Captain America: First Avenger" ou récemment "John Carter" pour encenser celui-ci !
L'idée de Marvel, même si surtout motivée par le fric, était foutrement bandante et ô combien risquée, "The Avengers" étant une série de comic-books bien plus difficile à adapter qu'un simple "Iron Man", ne serais-ce qu'à cause de son concept. Voyant enfin le jour grâce à une stratégie marketing payante, précédé par une série de films très inégaux, allant du franchement sympa ("Captain America: First Avenger"; "Iron Man") au bas du front ("Iron Man 2"; "Thor") en passant par l'anecdotique ("L'incroyable Hulk"), "The Avenger" laisse une impression mi-figue mi-raisin à la fin de la projection. Le sentiment d'avoir vu un spectacle sympa et bien foutu mais que l'on oubliera sitôt le générique de fin achevé. La faute à qui, à quoi ? Peut-être à son orientation, le film étant censé rapporter une tonne de billets verts et contenter tout le monde.
La faute à Joss Whedon aussi, et ça me fait un peu chier de le dire, le bonhomme étant franchement sympathique et faisant preuve d'un respect total envers l'univers qu'il adapte, loin du foutage de gueule d'un "Iron Man 2" ou plus loin dans le temps d'un "Catwoman" ou "Batman et Robin". Car si Whedon est sûrement un très bon scénariste de comic-books, il rate complètement le coche ici, son script n'existant que pour préparer ses héros à une future collaboration lors d'un climax il est vrai très fun. Des personnages de plus mal caractérisés, chacun n'étant qu'une caricature de lui-même (Tony Stark passe son temps à sortir des blagues à deux balles; Steve Rodgers n'est qu'un pantin sans âme limite tête à claques; Thor a l'air complètement paumé; Loki n'est pas menacant pour un sou; Hawkeye fait de la figuration...). Seul Bruce Banner / Hulk trouve ici un écrin (presque) digne de lui, le film s'attardant sur les angoisses du scientifique en fuite parfaitement incarné par Mark Ruffalo et montrant enfin correctement la folie destructrice de Hulk, même si l'on peut regretter que le géant vert rentre rapidement dans le rang.
Whedon n'est définitivement pas un cinéaste non plus, foirant un plan sur deux, passant du pur iconisme à une platitude navrante, son métrage donnant la fâcheuse impression d'être devant un (long) pilote de série télé. De gros défauts donc, auxquels nous ajouterons une direction artistique parfois à la masse, en témoignent les scènes concernant Thor et Loki, digne d'un épisode de "Power Rangers", et le costume vraiment cheap du Captain. Sans oublier l'erreur de casting ultime qu'est Samuel. L Jackson, dont la présence ici tient vraiment de la blague pas drôle.
Pour autant, "The Avengers", blockbuster bavard et désincarné est loin d'être un mauvais film, le plaisir de voir autant de super-héros réunis étant bien réel, culminant lors d'un morceaux de bravoure final franchement jouissif à défaut d'être mémorable, la frontière entre cinéma et comic-book étant des plus ténue. Au final, "The Avengers" est un exemple parfait du cinéma du vingt et unième siècle, pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur étant la quasi absence de limite physique et la possibilité de filmer l'inimaginable, le pire, cette sensation de cinéma fast-food sans âme et de grande consommation, où les sponsors et les jouets vendus importent plus que le film en lui-même.
Attention, ne zappez surtout pas le générique de fin et son plan final absolument tordant !