- Vous avez une mission ? Pour me renvoyer dans le monde ?
- Pour tenter de le sauver.
On n’est pas une équipe, on est une bombe à retardement !
"Avengers" de Joss Whedon, sorti en 2012, est un film qui a marqué un tournant dans l'industrie cinématographique en raison de l'attente exceptionnelle qu'il a suscitée. Avant même sa sortie, les fans (dont je faisais partie) étaient impatients de voir les super-héros emblématiques de l'écurie Marvel réunis à l'écran. Cette attente était le résultat d'une phase de construction méticuleuse et novatrice du Marvel Cinematic Universe (MCU) qui avait commencé avec des films individuels pour des personnages comme Iron Man, Hulk, Thor et Captain America. L'innovation majeure du MCU résidait dans la création d'un univers partagé, où les histoires des différents super-héros se chevauchaient et se complétaient. Chaque film de la phase 1 du MCU contribuait à l'intrigue globale, créant une anticipation croissante pour le grand rassemblement des Avengers. Une approche qui va changer la manière dont les franchises cinématographiques vont être construites, élevant les attentes des spectateurs à des niveaux sans précédent. Néanmoins, le succès de cette entreprise novatrice est à modérer, car fondamentalement, Disney, qui avait racheté Marvel quelques années auparavant, n'a pas véritablement inventé ce concept. D'autres franchises cinématographiques avaient déjà exploré cette idée bien avant, à l'instar de la saga Zatoichi de Kenji Misumi, sortie en 1962. Dans cette série, un univers partagé se développe à travers des films et des séries, où le masseur aveugle Zatoichi croise le chemin de personnages tels que Yojimbo des films Le Garde du corps (1961) et Sanjuro (1962) d'Akira Kurosawa, ou encore Fang Kang issu de la série de films hongkongais Le Sabreur manchot, réalisés entre 1967 et 1971 par Chang Cheh.
Lorsque "Avengers" est enfin sorti, il a réussi à répondre à ces attentes élevées. Il se présente comme une réussite complète, malgré quelques défauts, équilibrant habilement l'action, l'humour et le drame. L'un des points forts vient de sa capacité à maintenir un rythme soutenu sans sacrifier le moindre élément dramatique propre au récit. Les scénarios individuels des super-héros sont tissés de manière cohérente, créant une dynamique d'équipe captivante qui passe d'abord par la mésentente et la confrontation des membres. L'ensemble de l'intrigue repose sur un scénario à la fois simple et efficace, écrit par Zak Penn et Joss Whedon, centré sur le Tesseract et la quête de pouvoir du dieu Asgardien Loki. En échange de ce précieux artefact, Loki obtient une armée extraterrestre, les Chitauris, qu'il compte déployer pour envahir la Terre et la soumettre à son règne malveillant. Pour parvenir à ses fins, Loki doit d'abord s'emparer du Tesseract, puis créer une brèche permettant l'ouverture d'une porte spatiale pour les envahisseurs. Cette trame narrative constitue une justification solide à la formation des Avengers, appelés à s'unir pour contrer cette menace imminente. Cela a abouti à un spectacle sans réserve qui, à l'époque, a déclenché un périple épique suscitant un enthousiasme généralisé. Pour la première fois, cette aventure a réussi à rallier non seulement les fans de comics et de films de super-héros, mais aussi le grand public. C'est véritablement le début de l'âge d'or des super-héros du MCU, promettant une pléthore d'aventures à un public de plus en plus avide, tandis que Disney planifie un calendrier cinématographique nous conduisant des années plus tard à faire face à la menace de l'ombre révélée à la fin de ce film avec Thanos. L'apparition de ce dernier fut un véritable séisme pour tout fan.
L'action joue un rôle central dans le succès d'Avengers, offrant de délectables confrontations entre les membres de cette alliance improvisée. Que ce soit les affrontements entre Thor et Iron Man, suivis de l'intervention de Captain, les duels entre Black Widow et Hawkeye, ou encore les face-à-face épiques entre Thor et Hulk, chaque scène est un régal. La bataille de New York, en particulier, se distingue comme une séquence mémorable, réunissant tous les héros pour faire front à une menace commune. Bien que cette menace ne soit pas particulièrement angoissante, elle donne lieu à des séquences incroyables où nos héros nous enchantent. L'union des pouvoirs est très cool. Même les personnages secondaires, tels que Maria Hill, ne manquent pas de me ravir dans la séquence d'ouverture. L'humour représente également un élément significatif, soigneusement dosé, ne venant jamais altérer une séquence ou s'immiscer de manière inappropriée dans un moment dramatique, préservant ainsi l'intention originale de chaque scène. L'humour s'exprime principalement à travers des dialogues incisifs, avec des répliques mémorables et des interactions entre les personnages. Je pense notamment au face-à-face entre Hulk et Loki, ainsi qu'aux échanges sarcastiques de Tony Stark qui ajoutent une pointe d'esprit à chaque occasion. La mise en scène visuelle et les effets spéciaux se révèlent particulièrement efficaces, tirant avantage de la photographie de Seamus McGarvey pour créer des plans bien pensés. Un exemple marquant est celui où la caméra tourne autour du groupe fraîchement formé de super-héros, tandis que les Chitauris se préparent à les affronter. Cette séquence est magnifiée par l'excellente composition musicale d'Alan Silvestri, l'une des rares partitions mémorables qui accompagnent l'ensemble des œuvres du MCU.
- Vous avez autre chose à dire à propos du Tesseract ?
- Vous auriez dû le laisser au fond de l’océan.
L'assemblage d'acteurs constitue une autre force incontestable de cette œuvre. Chaque membre apporte une profondeur, une sensibilité, un caractère et un charisme propres. Chacun contribue de manière distinctive, créant ainsi une alchimie d'équipe crédible qui va marquer durablement l'ensemble du MCU.
Tony Stark alias Iron Man (Robert Downey Jr.)
On dirait Noël, mais avec plus de… moi.
Robert Downey Jr. reprend son rôle emblématique de Tony Stark, alias Iron Man, avec une performance toujours aussi piquante. Il n'y a pas à dire, le comédien est fantastique sous les traits de Stark, milliardaire sarcastique et génie ingénieur. Bien qu'il ne soit pas le leader officiel des Avengers, il est le leader de la caméra puisqu'il domine (plus que les autres) l'écran avec son charisme et ses répliques cinglantes. Il va offrir une belle séquence de sacrifice.
Bruce Banner alias Hulk (Mark Ruffalo)
Le voilà mon secret Captain… je n’ai jamais cessé d’être en colère.
Mark Ruffalo prend le relais en tant que Bruce Banner, alias Hulk, succédant à Edward Norton. Bien que moins intense que la performance de Norton, Ruffalo apporte une profondeur calme au personnage. Son Hulk, avec un nouveau design plus proche d'un gorille vert, conserve toute sa puissance. Le moment où Hulk se transforme pour exploser l'un des dragons transportant les Chitauris est visuellement impressionnant.
Thor (Chris Hemsworth)
Modère tes propos ! Loki a perdu la raison mais il est d'Asgard et c'est mon frère.
Chris Hemsworth reprend le rôle de Thor, le dieu du tonnerre, avec une présence imposante et un égo cette fois-ci dégonflé après sa première aventure. Thor est ici présenté comme un guerrier puissant qui d'ailleurs offre sans doute les meilleures confrontations, notamment contre Hulk. Thor n'est finalement là que pour ramener son frère à Asgard où il devra répondre de ses crimes. Hemsworth est bon, offrant à son personnage une bonne dynamique avec Loki, son frère.
Steve Rogers alias Captain America (Chris Evans)
J’ai dormi pendant près de 70 ans. Je pense avoir fait le plein.
Chris Evans incarne ici d'abord le leader moral de la troupe, pour ensuite "nommé" chef des Avengers sur le champ de bataille de New-York de par son expérience ce qui est logique. Son personnage est confronté à un monde moderne bien plus complexe que celui qu'il a quitté pendant la Seconde Guerre mondiale. Evans offre une performance convaincante en soulignant le côté incrédule de Rogers face au SHIELD ou le caractère désinvolte de Tony. Captain se montre ici assez vulnérable physiquement, sachant qu'une fois encore on a du mal à saisir son potentiel.
Natasha Romanoff alias Black Widow (Scarlett Johansson)
Je me suis fait démasquer. J'ai une dette gravée au fer rouge. Et il faut que je l'efface.
Scarlett Johansson est une fois encore très convaincante en tant que Natasha Romanoff, alias Black Widow, offrant une performance polyvalente. On la voit pour la première fois montrer de la peur, notamment face à Hulk, ajoutant une nuance intéressante à son personnage habituellement imperturbable. Johansson excelle dans les séquences d'action, démontrant des compétences de combat redoutables. La relation qu'elle entretient avec Barton est très intéressante et démonte chez elle une part d'humanité bienvenue.
Clint Barton alias Hawkeye (Jeremy Renner)
Quelqu'un s'est déjà amusé à jouer avec ton cerveau ? À te sortir de toi ? À te remplacer par autre chose ? Tu sais ce que c'est que d'être réduit en miettes ?
Jeremy Renner prend plus d'ampleur dans le rôle de Clint Barton, alias Hawkeye, qui avait été brièvement introduit dans le film "Thor". D'abord présenté comme un redoutable antagoniste sous l'emprise de Loki, Hawkeye fait un retour remarquable parmi les Avengers. Renner offre une performance solide, mettant en valeur les compétences exceptionnelles de son personnage avec l'arc. N'ayant aucun pouvoir en tant qu'humain sans pouvoirs, il se montre pourtant particulièrement efficace contre les Chitauris. Une fois la fin du film, je n'espérais qu'une chose, voir un film sur lui avec Black Widow. Je ne comprendrais jamais que cela ait pris tant de temps à attendre.
Nick Fury (Samuel L. Jackson)
Et il vint un jour, un jour comme nul autre où les plus puissants héros de la Terre se sont unis contre une menace commune qu'aucun super-héros ne pourrait affronter seul, ce jour-là les Avengers sont nés…
Samuel L. Jackson incarne une fois encore avec autorité le directeur du SHIELD, Nick Fury, qui tente de réunir les Avengers pour faire face à la menace imminente. Jackson apporte un charisme évident, montrant des facettes plus sombres du SHIELD et soulignant les défis de la formation de cette équipe hétéroclite. Il est entouré de membres marquant tels que Maria Hill (Cobie Smulders), qui ici laisse une forte impression, et l'agent Phil Coulson (Clark Gregg), qui va offrir un départ émotionnel marquant après un évènement tragique.
Loki (Tom Hiddleston)
Vous mentez et tuez au service de menteurs et de tueurs. Vous prétendez être différente, obéir à votre propre code dans le but de racheter ses horreurs mais elles font partie de vous et elles ne disparaîtront jamais.
Tom Hiddleston livre une performance mémorable en tant que Loki, le principal antagoniste du film. Déjà introduit dans "Thor" en tant que grand vilain, Loki revient encore une fois tel quel, mais cette fois-ci avec une armée extraterrestre, les Chitauris, dans le but de conquérir la Terre. Hiddleston apporte une complexité fascinante au personnage, mêlant arrogance et vulnérabilité. Il ne manque pas de charisme, ni de génie, et parvient même à ne pas tomber dans l'ombre des Avengers. On aimerait presque le voir triompher à la longue, ce qui viendra... mais ceci est une autre histoire.
CONCLUSION :
Après mûre réflexion, j'ai pris le temps de considérer la notation, et je choisis finalement de rendre à César ce qui est à César. Aussi simple qu'il puisse paraître, "Avengers" demeure une adaptation extrêmement efficace, préfigurant quelque chose d'impactant qui allait perturber l'ordre cinématographique et la sensibilité du grand public pour nous ouvrir vers d'autres horizons. Il est indéniable que, en tant que passionné de comics et de cinéma fantastique à l'époque, j'étais ravi de voir une telle proposition se concrétiser. Surtout dans cette forme généreuse qui offre un spectacle complet, le tout couronné par une promesse finale incroyable : Thanos ! La promesse de quelque chose de gigantesque...
Par conséquent, ma note pour le film s'élève à 9 sur 10 !
Bonus : ma critique du film en duo sur la chaîne YouTube de Venom-31 : https://www.youtube.com/watch?v=dtt5FzTCelM
- Ils reviendront.
- Pourquoi ?
- Parce que nous aurons besoin d’eux.