Parce qu'ils ont un Hulk, notamment
Je dois avouer que j'accroche bien au format "film à suivre" avec ses codes un peu racoleurs (attendre la fin du générique pour voir la scène d'annonce des prochaines production, par exemple) et sa tentative de construire un univers dont on ne comprend la profondeur qu'après avoir fait le lien entre les différentes entités qui le composent. Mais là, ce n'est pas juste "un autre film", ou quelque banale suite. Non, ce dont il est question ici, c'est d'un feu d'artifice, d'un bouquet final. Inaugural, plutôt, puisqu'il est censé redonner un souffle nouveau à la série.
Quel pisse froid n'appréciera pas la démesure dantesque de Avengers? Quel critique frigide ne goûtera pas à cette claque visuelle et à ces punchlines constantes? Bon, je suis de mauvaise fois parce qu'il est vrai que le scénario est un peu tordu et que le couple Oeil-de-faucon/Scarlett sert un peu à rien (OK, pas Scarlett) dans l'intrigue. Tout n'est pas parfait. Mais dans son style, Avengers réussit très bien, et tant pis si c'est un peu débile. Le caractère régressif de certaines œuvres culturelles (voire de la culture elle-même) est un paramètre important de la création, et l'utilisation de formes rebattues quinze mille fois n'est pas un défaut, si l’œuvre en question parvient à se les réapproprier habilement. Ici, l'érotisation progressive des héros se fait petit à petit, et leur puissance va croissant dans les plus pures (et épurées) règles du cinéma hollywoodien de super-héros.
On a Scarlett en cuir moulant pour faire joli (ce qui est regrettable, mais certainement pas désagréable), on a un Hulk Déifié qui, comme par magie, cesse de faire peur et devient une sorte de double surpuissant de Thor (un peu rude, mais finalement sympa), on a Iron Man qui se révèle courageux par delà son arrogance d'enfant-génial-gâté... Finalement chaque personnage a le temps de faire sa petite découverte sur lui-même, et le tout tient plutôt bien ensemble. On garde de vue que tout cela, évidemment, n'est qu'un prétexte à effets spéciaux en tous genres qui raviront l’œil des gros bourrins avides que nous sommes tous en fait. De beaux muscles, de belles fesses, de belles explosions et un peu de suspension (in)volontaire de l'incrédulité et le tout s'avale comme un bonbon qui pique. On ne demande rien de plus à un film de super-héros dans ce genre. Tous les blockbusters ne peuvent pas être pillés d'Alan Moore non plus.