Aujourd'hui, pour le geek souverain et toxique, il fait bon d'unanimement lyncher Joss Whedon. Celui qui a coulé à lui tout seul le vaisseau amiral Justice League de la Distinguée Concurrence.
Et pour confirmer son niveau de tolérance et d'intelligence, le geek souverain et toxique n'hésite pas à se mettre en scène en mode outrancier et hystérique, en immolant sur les réseaux asociaux un blu ray compulsivement acheté, pourtant, à grand frais, pour réclamer un cut alternatif forcément génial.
Pourtant, il n'y a pas si longtemps, c'est ce même geek, à l'époque encore sympathique et débonnaire, qui imposait Joss Whedon comme son nouveau messie. Celui qui avait dirigé LE rassemblement de l'année 2012. La convergence ultime de la phase 1 du Marvel Cinematic Universe, faisant évoluer quatre univers a priori disparates. Trop différents dans le ton adopté et le temps où évoluait chaque super héros.
Le fantasme était absolu pour la geekosphère. Et le réalisateur attendu de pied ferme. Car une contre performance pouvait plomber tant sa carrière que les plans de la Maison des Idées.
Un fantasme devenu réalité.
Et Joss Whedon de s'acquitter de sa tâche herculéenne de main de maître. En trouvant un équilibre tout simplement parfait. En faisant se confronter chaque héros, en le développant, tout en poussant sur le devant de la scène Hawkeye, qui n'avait été qu'entraperçu jusqu'ici dans le Thor de Kenneth Branagh. Aucun ne prend le pas sur l'autre, même si l'on devine que Marvel, pour ses prochaines phases, pousse pour installer sa propre trinité composée de Captain America, Iron Man et Thor, ici dans une rivalité exacerbée, mise en image dans un combat titanesque qui dépasse presque toutes les empoignades proposées par le MCU.
En s'emparant de Loki, pour lui faire digérer ses envies de régner sur Asgard pour mieux l'installer comme un agent du chaos charmeur, rusé et perfide, qui ne fait finalement pas grand chose pour monter les futurs Avengers et leur égo les uns contre les autres, pourrissant immédiatement, tout comme les manipulations de Nick Fury, les fondations de l'équipe, qui se révèleront au grand jour dans L'Ere d'Ultron et Captain America : Civil War.
En maniant enfin à la perfection la dose d'humour classique de l'univers Marvel. Exemple de légèreté déployée pour contrebalancer la gravité des enjeux.
Mais il serait hypocrite de ne pas retenir l'action déployée : riche, spectaculaire et énergique, dessinant peut être pour la première fois la véritable puissance des belligérants comme avait su le faire le camp d'en face avec Man of Steel. De quoi rendre, en tous cas, les attentes les plus folles enfin palpables, que ce soit dans le démasticage d'un héliporteur, d'un avion de chasse ou encore en plein Manhattan lockdown. Un climax animé de la plus pure des folies, balançant entre plans séquence passant d'un héros à l'autre, et l'imagerie déployée pour donner vie aux Chitauris. Plus particulièrement avec l'apparition des silures extra-terrestres déments par leur taille, gaulés comme des chars d'assaut.
L'action est totale, incroyable, sidérante. En forme de feu d'artifice. Sans pour autant laisser de côté les super héros ou les empêcher de respirer dans un blockbuster ambitieux. Et tirer parti de chaque face à face possible, dans une générosité de chaque instant qui procure un sentiment constant, pouvant être défini comme un mélange entre l'émerveillement et la jubilation enfantine dans sa forme la plus pure et innocente.
C'est cela, Joss Whedon en 2012...
Behind_the_Mask, qui divise pour régner.