Tout a commencé en 2008 quand Nick Fury, dans l'incroyable scène post-générique d'Iron Man, a annoncé l'Initiative Avengers. Depuis, Marvel Studios a veillé à développer chacun des principaux protagonistes de cette équipe de légende pour les présenter correctement au public avant de se lancer dans le grand bain : celui où ils seraient tous réunis.
Pour les rassembler, ils ont fait appel à Joss Whedon. Le talentueux scénariste et créateur de séries télés n'est plus à présenter : on lui doit Buffy puis Angel, la meilleure série de science-fiction du monde avec Firefly, Dollhouse et l'écriture d'un des meilleurs runs des X-Men sur papier. Pourquoi lui ? Parce qu'il a montré avec ses différents projets qu'il était parfaitement capable de gérer une équipe et ses différents membres. Qui plus est, et contrairement à ses prédécesseurs à la réalisation, l'univers Marvel lui était connu.
Il avait donc toutes les cartes en main pour faire d'Avengers un grand film de super-héros.
Et c'est ce qu'il a fait.
Mais il faut que je sois honnête avec vous. Avengers n'est pas sans défaut.
Le premier est sa longueur. Whedon s'est offert un montage de près de 2h30 et c'est étonnamment un peu long. En réalité, l'histoire telle qu'elle nous est présentée au début met beaucoup de temps à se mettre en place. Reprenons les choses dans l'ordre.
On découvrait à la fin de Thor que le SHIELD était en possession du cube énergétique utilisé dans Captain America et que Loki guettait. Il va donc, dès le début d'Avengers, s'en emparer car il n'a d'autre but que celui de la conquête du monde. Cet artefact lui donne la possibilité de créer un passage permettant à son « armée » de débarquer. Face à l'ampleur de la menace, Nick Fury n'a d'autre choix que de relancer son Initiative Avengers. Il rassemble donc les Vengeurs, non sans mal et les fait se découvrir. Comme on pouvait s'y attendre, chaque héros ayant une personnalité forte et différente de celle de ses petits camarades, ce ne sera pas sans mal ni sans dispute. C'est long, et même si c'est justifié scénaristiquement, Loki voulant semer la zizanie pour affaiblir le groupe avant même leur mise en route, on se met doucement à attendre la fameuse invasion.
Loki, justement, a beau être un grand manipulateur (et Tom Hiddleston un bon acteur), son plan semble manquer d'envergure et à part créer le conflit comme je viens de le dire et avoir envie de conquérir le monde, il ne fait finalement pas grand chose. Je ne peux que regretter que la menace ne soit finalement pas si impressionnante. On sait que l'invasion va arriver sans surprise et on se doute, super-héros obligent, de la manière dont elle va se finir.
Le troisième point négatif vient de la réalisation. Whedon vient de la télévision et n'a qu'un seul long-métrage à son actif, Serenity, qui n'est finalement rien d'autre qu'un épisode de Firefly avec un peu plus de moyens et sur grand écran. Avengers est donc son premier « vrai » long et le réalisateur filme sans aucune originalité, en champs contre-champs pour les scènes de dialogues et dans des scènes très découpées dès qu'il s'agit de passer à l'action. Une scène en particulier, montrant Thor s'expliquant avec Loki et filmée en studio, est tellement mal mise en scène qu'on a l'impression d'être ... à la télévision. Ce n'est heureusement valable que pour le debut du film. L'immense scène d'action finale, à New York, étant noyée dans des effets spéciaux frôlant la perfection, on imagine sans mal que c'est ILM qui est alors aux commandes et on en prend plein les yeux.
Mais passons à ce qui fonctionne. Spécialiste du comic, Whedon -qui est également le scénariste de l'histoire- la construit comme une bande dessinée américaine, sous forme d'actes découpés en chapitres clairement marqués. Pour la première fois, on ne voit pas seulement un héros de papier prendre vie mais une vraie transposition d'un comic sur écran !
A l'écriture, Joss permet également à ses protagonistes d'avoir les meilleurs dialogues de la saga. Affutées, bien trouvées, drôles mais sans être lourdes, les petites phrases d'Avengers font tellement mouches que Tony Stark a ses meilleurs répliques en trois films et ce, sans que l'acteur ait trop à cabotiner.
L'acteur, d'ailleurs, aurait pu facilement être mis en avant. Il remporte la faveur des spectateurs, il est « cool et moderne » et tous les autres auraient pu passer en arrière plan. Il n'en est rien. Là aussi, Whedon réussit ce pour quoi il a été embauché : équilibrer son équipe. Tous les acteurs font du bon boulot et sont tous traités sur un pied d'égalité, même Mark Ruffalo très à l'aise en Bruce Banner. Ce n'est ni le film de l'un ni de l'autre mais vraiment l'histoire d'une équipe à part entière où tous les Vengeurs ont une vraie place et où même les seconds rôles comme Maria Hill (Cobie Smulders, qui devrait faire plus de cinéma) ont leurs moments.
Arrive alors la fameuse scène New-Yorkaise. Il aura fallu 4 ans et 5 films pour arriver enfin à ce moment : voir les Avengers réunis et montrer qu'ils sont des super-héros. Et on n'est pas déçu. C'est un tourbillon d'action, une scène d'anthologie qui se met en marche et qu'on regarde avec le même plaisir que le combat Spider-Man contre Doc Octopus dans le 2e film de Sam Raimi. Rien que ça !
Souvenez-vous de la réplique de la bande annonce « Nous avons Hulk » et vous comprendrez devant les images qu'elle prend tout son sens. C'est sans doute le géant vert qui s'offre les meilleurs scènes de cette immense et impressionnante bataille, mais tous les autres ont leur moment. Si vous aviez été frustré que les scènes d'action d'Iron Man ou de la partie terrienne de Thor soient vraiment réduite, vous en aurez ici pour votre argent. Ce sont de vrais super-héros en action.
Cette demi heure s'offre en plus le luxe d'un plan séquence dans les rues de New York. Je n'en dirai pas d'avantage pour ne pas gâcher la surprise.
Même si Avengers n'est pas le film du genre ultime et s'il contient quelques défauts notamment en termes de réalisation, il est néanmoins à la hauteur de ce qu'on pouvait espérer : du vrai comic-book transporté à l'écran. Et un très grand spectacle.