La fin fait partie du voyage

Nous y voilà, la fin d’une ère Marvel, la fin d’un cycle débuté en 2008 avec l’excellent film Iron Man et la fin d’une saga Avengers avec les intrigues (les pierres d’infinités) et les personnages (Iron man, Thor, Hulk, Captain America…) tels qu'on les connait.

Franchement, il ne faut pas chipoter, ce film est un spectacle hors normes. L’intrigue est la plus folle de tout le MCU, avec un aspect fan service des plus outranciers, mais tout de même très satisfaisant. Tous les personnages sont au rendez-vous, c’est dingue! On se demande comment Kevin Feige, président de Marvel Studios, parvint à se retrouver dans tout ce bordel, alors que certains fans, dont moi, commencent à éprouver quelques difficultés à remettre toutes les cases à leurs places, malmenées par cette grande orgie temporelle (et ce n’est qu’un début à ce qu’il parait…).

L’histoire se découpe en plusieurs étapes, les effets de l’anéantissement de la moitié de l’Univers sur les survivants, la traque de Thanos et la découverte de la destruction des pierres d’infinité, l’élaboration d’un nouveau plan pour ramener les disparus, à savoir créer une sorte de machine à remonter le temps (clairement le passage qui m’ennuie le plus), le départ du groupe des Avengers vers plusieurs époques du passé afin de rassembler les pierres d’infinités avant que Thanos ne les trouve (c’est ici, qu’il s’agit de fan service, même si le passage demeure super satisfaisant), enfin le final, avec le dénouement (Spoil plus bas...) et un affrontement cosmique explosif, avec une guerre carnavalesque, digne d’une bataille du Seigneur des Anneaux. Bref, on ne se fait pas chier durant ces trois heures de films, même s'il y a un passage à vide (avec Tony Stark et sa nouvelle vie de famille).

J’ai aimé la façon dont l’intrigue est bien ficelée même si parfois ça m’a pris un peu la tête. Je regrette, en revanche, que le film tombe dans des facilités et des pirouettes abusives. Par exemple, l’intensité dramatique est souvent recherchée dans une rencontre fortuite lorsque les Avengers retournent dans le passé. Ainsi chacun d’eux tombe par hasard sur un proche intime, si bien qu’on a l’impression que le hasard arrange un peu trop bien les choses (à mon sens, l’un des défauts les plus nuls du film). Tony Stark rencontre son père, et l’homme ouvre son cœur à cet étranger, notamment en lui confiant ses appréhensions à devenir un bon père, bref, la scène est complètement lunaire, en plus d’être inutile. Steve Rogers, au même moment, aperçoit l’amour de sa vie, l’agent Carter, alors qu’il a atterri sans le savoir dans son bureau. Là encore, c’est bien pratique. Thor, de son côté, aperçois également sa bien-aimée, Jane Foster, mais pour le coup, la scène est plus subtil que les autres. Ajouté à cela des scènes similaires que l’on doit se bouffer avec Cint Barton et Scott Lang, ça fait beaucoup, mais beaucoup trop d’effet mélodramatique, et surtout il en ressort un effet de répétition un peu agaçant.

Certaines autres pirouettes scénaristiques m’ont beaucoup emmerdé. Par exemple, la scène ou Bruce Banner récupère sans réelle difficulté la pierre du temps des mains de l’Ancien, pour le coup affreusement coopérative. On se rappellera à quel point elle était sur les dents et la force de sa détermination à ne pas se séparer de la pierre dans le film Doctor Strange. Franchement, cette séquence est éclatée, elle ne tient tout simplement pas la route. Le fait que Hulk et Banner aient fusionné m’a aussi dérangé, c’est très pratique et ça ne rend pas toujours très bien à l’écran. Attention Spoil!

Aussi, à l’heure du bilan, le public s’interroge: comme Iron Man a créé le gantelet à nanoparticules ayant la capacité d’accueillir les pierres d’infinité, peut-être qu’un Avenger trés puissant, du genre Captain Marvel, saura l’utiliser afin de claquer des doigts et ramener ceux qui ont trépassé, ou (puisque comme semble le dire Banner, cela est impossible) retourner dans le passé et ramener la version antérieure des défunts dans un nouveau présent, comme Gamora et Nebula l’ont expérimenté… Si cet aspect n’est pas éclairci, et que tout cela est possible, les événements tragiques de ce film sont réduits à néant et ne veulent absolument plus rien dire. Malheureusement lorsqu’on se penche un peu plus sur les subtilités du film, on se rend compte qu’en vérité tout est possible et que de nombreuses portes existent afin de jouer de nombreux retournements de situations. Voilà de quoi s’arracher les cheveux…

Heureusement, le film brille sur d’autres aspects : en ce qui concerne l’histoire, une double Nebula intense, des retours sur des scènes du passé réécrites pour l’occasion (et qui font vraiment plaisir à voir), des affrontements sublimes, la présence d’une Captain Marvel gratifiante, une guerre épique, un scénario maitrisé (malgré quelques raccourcis faciles comme indiqués plus haut). L’ambiance visuelle et la musique sont très sympas. Les effets spéciaux sont parfaits. L’humour plaisant, parfois trop envahissant, mais au final marrant.

Les acteurs sont géniaux, je ne vais pas tous les citer, car ma critique deviendrait encore plus longue. Je dirais seulement que je n’ai pas apprécié la performance de Chris Evans que je ne trouve pas très bon.

Si je passe toujours un bon moment devant ce film, je dois avouer que je préfère la seconde partie à la première, que je trouve un peu lente, souffrant d’un certain manque de rythme. Aussi je préfère Avengers : Infinity War à Endgame. Non pas que la conclusion ne me convienne pas, mais l’histoire, l’action, et l’intrigue étaient plus intenses dans Infinity War, en tout cas à mes yeux.

Cet Endgame est un très bon film, pas mon préféré du MCU malgré son importance capitale. Je n’aime pas la direction que prend le MCU avec cet horizon qui apparait comme dénué de toute immuabilité. J’aimerais bien que les personnages ne reviennent pas constamment à la vie, grâce à une pirouette, comme c’est trop souvent le cas à mon gout, je pense que cela réduit la crédibilité de toute la franchise Marvel (en dépit du manque de réalisme). Niveau spectacle, le film tient ses promesses, et on en prend plein la vue. J’attends la suite, et surtout le nouveau fil rouge du prochain cycle (apparemment les réalités alternatives) avec beaucoup d’impatience et d’appréhension.