Endgame of stones
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Conclure efficacement une franchise n'est pas une chose aisée. Le trop plein ou le trop vain sont des écueils sur lesquels il est bien facile de trébucher. Dans le cas du Marvel Cinematic Universe, la situation est un peu différente. Déjà parce que depuis dix ans, il a établi un "modèle" au sein du blockbuster moderne. Mais aussi parce que la qualité de ses productions provoque un vrai clivage. Le gigantisme des films n'a jamais été antinomique avec une certaine profondeur dans le propos ou les thématiques. Malheureusement, à mesure que le MCU dévoilait son programme en je ne sais combien de phases (à l'instar d'un menu de fast-food), la démesure a fini par écrabouiller les enjeux humains pour les traduire en dialectique infantile. Comment donc finir sur une note positive quand il parait évident que l'univers n'a plus grand chose à offrir, à part une soupe numérique et des blagues pas toujours inspirées?
Une équation difficile, sur laquelle Avengers Infinity War se cassait déjà les dents. Ni franchement ratée ni réellement réussie, cette première partie condensait brillamment les forces et faiblesses de la formule MCU à mon avis. Qu'en serait-il de Endgame?
Contrairement à ce que laissait supposer le final d'Infinity War, le ton du film ne confine pas à la gravité. Bien sûr, elle se fraye un passage de temps à autre. Mais non, le dernier opus (de cette phase-là) demeure représentatif de tous ceux qui l'ont précédé. Par conséquent, on doit encore une fois se coltiner une avalanche de vannes qui parasitent voire annulent le poids qui devrait peser sur les épaules de nos héros. Et quand le drame s'invite enfin dans la partie, il est partiellement torpillé par de navrantes répliques délivrées avec le plus grand sérieux. Une dichotomie qui persiste à mon plus grand regret. C'est d'autant plus embarrassant que le film choisissait (pour une fois) de considérablement diminuer les scènes d'action au profit de l'intimisme.
Néanmoins, le plus grave demeure peut-être la gestion des personnages. Le projet d'un grand film coupé en deux pour traiter équitablement la ribambelle de super-héros était logique. Même s'il n'y arrivait pas vraiment, Infinity War donnait suffisamment d'épaisseur à une partie pour en délaisser une autre. Je pourrais dire qu'Endgame suit le même chemin s'il n'en piétinait pas au passage. Thanos est purement gâché par une écriture d'une platitude affligeante, Banner/Hulk confirme le carnage entrepris dans la première partie, et Captain Marvel se retrouve reléguée à un rôle "plus accessoire, tu meurs". Quant à Hawkeye et la Veuve noire, ils continuent à briller par leur insignifiance. On s'en doutait un peu, les trois Avengers historiques sont les plus convaincants. Conscients d'être au moment où il faut boucler la boucle, l'écriture de Christopher Markus et Stephen McFeely est plus appropriée avec Iron Man, Captain America ou...alors, pour Thor, il est fort probable que l'angle adopté par le script divise beaucoup. Disons qu'il surprend par sa cocasserie, cependant Chris Hemsworth continue à s'amuser et il le fait admirablement. Chris Evans s'offre un dernier tour de piste honorable (très belle dernière scène, sobre et humble, comme son interprétation). Mais c'est toujours Robert Downey Jr qui s'en sort le mieux. Il est bien le seul de la troupe à avoir su jongler entre les registres, même dans les moments les plus absurdes. Et autant dire que dans Endgame, des absurdités il y en a un bon paquet. Le genre repose sur la suspension d'incrédulité, on est d'accord. Pourtant, il faudra faire beaucoup d'efforts pour passer outre les nombreuses divagations aberrantes, vous êtes prévenus. Bon, tout n'est pas si noir. Avoir ralenti la cadence ne fait pas trop de mal, et le rythme reste assez fluide. Je constate également un soin apporté aux séquences les plus destructrices (moins nombreuses, il faut le dire), des effets spéciaux en majorité excellents et un final plutôt pas mal. Ce n'est pas énorme mais vu que je n'en attendais pas grand-chose... Pour cette conclusion, je balance entre la purge de l'infini et la touchante fin de partie. Il y a heureusement de grandes chances qu'en un claquement de doigts, je l'oublie.
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Créée
le 25 juil. 2019
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