Nous y voilà, après plus de dix ans, plus de quinze films, et plus d’une cinquantaine de protagoniste à leurs actif, les studios Marvel ont décider d’abattre leur carte maitresse, et de laisser le couperet faire son œuvre auprès des fans. Il n’est pas certain que tous en réchappent.


Kevin Feige sait ce qu’il fait. Lui et les frères Russo savent dans quoi ils s’embarquent, et iront jusqu’au bout de cette aventure, que le spectateur les suive de son plein gré, ou y soit contraint par la force. Dans tous les cas, il faut au moins leur accorder l’immense mérite d’avoir pris plus d’une décennie dans le seul but de poser de solides bases, afin d’aboutir à cet instant précis.


Dès les premières secondes, Infinity War pose carte sur table ses nouvelles règles, et nous montre que bien des choses ont changé. Nous ne sommes plus à l’échauffement, avec un film Hulk médiocre, et nous ne sommes plus non plus au premier round, avec le très bon Avengers premier du nom. Ici, nous somme au-delà de tout ça, car le publique a déjà vu ces films, et souhaite maintenant assister à la convergence de ce gigantesque multivers, créé avec beaucoup de délicatesse, grâce à de nombreux films inutiles en tant que stand-alone, mais qui n’avaient pour objectif que de nous conduire en cet instant précis. Maintenant, cela est fait. Enfin, nous y sommes.


Le début de la fin.


L’objectif de ce film est multiple. Comment contenter des fans hystériques, abreuvés par une longue décade de films pas toujours excellent ? Comment faire avancer drastiquement l’histoire, et réussir cette jonction de tant d’histoires différentes ? Et surtout, comment remplir un cahier des charges plus lourd qu’une bible en moins de trois heures ? Alors les Russo se sont mis à la tâche, en tournant non pas un, mais deux films monumentaux, dont la première partie s’est révélée à nous aujourd’hui. Avec de telles contraintes, il était évidemment impossible d’accoucher de l’œuvre ultime et parfaite, mais on se doit tout de même d’admirer l’effort fournit, afin d’offrir un équilibre remarquablement parfait (« bien balancé », comme dirait le Titan) entre le grand spectacle tant espéré des spectateurs, et la narration, qui fait ici un bon de géant comme ça n’avait pas été le cas depuis Civil War.


Infinity War se démarque drastiquement des précédentes productions Marvel sur bien des points, même si elle tente de renouer des liens avec les précédents gimmicks à plus d’un moment. Le film alterne phases drôles et burlesques, typiquement Marveliennes, avec des moments de pure émotion, ou l’épic le plus époustouflant se dispute à l’horreur la plus totale. Je ne pense pas faire la moindre révélation en annonçant ce que tout le monde sait déjà, et que l’émotion peut surprendre brutalement, à n’importe quel moment. Si l’objectif était de faire un film basé sur le ressentit du spectateur, alors les réalisateurs l’ont accompli avec brio. Jamais une production de cette ampleur n’avait réussi à faire ressentir autant de choses simultanément : la colère, la joie, la tristesse, le dégout, les frissons, la puissance, l’horreur… Ce que l’on peut éprouver en assistant à un retour inattendu et bien orchestré, juste avant d’expérimenté la désagréable sensation de trahison de la part d’un studio dont on pensait tout savoir, et dont tous les rouages nous paraissaient pourtant claire…


Certes, Infinity War est imparfait. Il n’a pas la moindre identité propre, ne sert absolument rien en l’état, en tant que film « seul », et ne peut exister qu’en s’inscrivant dans la longue lignée de cette série de films. La plupart des scènes d’actions sont passées sous la caméra des Russo, qui divisent énormément les spectateurs depuis Civil War (trop rapide et mal rythmé pour de nombreuses personnes). La musique de Silvestri est minimaliste et ne consiste qu’en l’ajout d’un unique nouveau thème (assez peut marquant, même si à jamais associé à certaines scènes choquantes) tout en reprenant ses propres compositions provenant directement du premier film Avengers. La VF ne fait carrément pas de miracles, même si Paul Borne offre un spectacle vraiment convaincant. Enfin, il y a les effets numériques qui ne passent pas toujours, comme les costumes d’Iron Man, absolument pas convaincant pour deux sous.


Il y a ces éléments, qui sont d’honnêtes et véritables défauts. Et puis de l’autre côté, il y a la palette d’émotion, plus large que précédemment, plus surprenante que jamais, capable de retourner le spectateur en une fraction de seconde (un « claquement de doigts ») et le faire passer du rire aux larmes.


Et puis il y a Josh Brolin


Thanos. Principale antagoniste du film et plus globalement et de l’univers Marvel en expansion depuis plus de dix ans. Le Titan, véritable monstre de synthèse, imposant, indestructible, surpuissant, ou tout simplement monumental. Avec ce colosse en puissance, aussi fou que réaliste dans ses idées, Marvel nous montre une nouvelle face et nous prouve être capable de créer des adversaires cohérents et réalistes, à mille lieux de tout ce dont on a eu droit par le passé. Crédible en permanence, fou de réalisme et de force brut, incroyable dans sa démarche et dans sa façon de procéder, Thanos est, de très loin, le meilleur antagoniste du MCU, et très probablement le mieux fichu dans un film super-héroïque depuis The Dark Knight, et sa vision du Chaos. Josh Brolin, face à qui j’émettais quelques réserves au vu des bandes annonces, s’en sort avec tous les honneurs possibles, en interprétant ou bien un génie, ou bien un fou de la pire espèce. Mais quel qu’en soit la vision que se fera le spectateur, Thanos n’en demeurera pas moins le machiavélisme incarné. Et c’est ce rival, capable de faire trembler l’univers sur ses gonds, qui m’arrachera la mention « coup de cœur » pour un film malgré tout imparfait.


Infinity War est l’ovni du MCU, terrifiant de puissance et de noirceur, incroyablement bien dosé dans sa gestion des émotions, et dans le traitement réserver à l’opposant. L’espoir s’éteint ici pour ne probablement plus jamais renaitre. Tout ces fils tissés depuis le premier Iron Man de John Favreau s’entremêlent ici afin d’offrir le spectacle le plus fou et surprenant que l’on ait vu depuis longtemps. Une chose est néanmoins certaine : la moitié n’en sortira pas intacte.

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le 26 avr. 2018

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Sherns Valade

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