Après de correctes premières minutes donnant au film un semblant d'enjeu et tentant de présenter Thanos, le film (le 19e de Marvel depuis 2008) est rapidement rattrapé par ce qui sautait aux yeux en voyant l'affiche : la présence d'une grosse vingtaine de personnages. Car, après avoir donné des films à moult personnages (Iron Man, Thor, les gardiens de la galaxie, etc.), Marvel a décidé de tous les réunir dans la même histoire. Très vite, l'impossibilité d'une telle idée se confirme. Avengers IW devient alors une sorte de film à sketchs, passant d'une planète à l'autre, de l'espace à un vaisseau, et ce sans arrêt, offrant à chaque personnage quelques lignes de dialogue. Or, chaque scène donne l'impression d'avoir été écrite pour pouvoir y glisser une réplique humoristique (fonctionnant plus ou moins bien), ce qui rend le tout, appuyé sur un scenario inexistant, très faible et surtout très long.
Car, à cette suite de saynètes succède finalement un interminable tunnel de batailles et de combats, avec pyrotechnie et pouvoirs magiques à l'appui. Lassante, cette ribambelle d'affrontements souffre du défaut chronique des films Marvel : les personnages ne cessant de blaguer, rien, puisque tout n'est que plaisanterie, ne fait croire à un réel danger ou à une réelle urgence. C'est d'autant plus dommage que les combats, filmés certes sans originalité, sont compréhensibles (qualité rarement présente dans les déferlements numériques) et que la fin calme et silencieuse du film (parfois laid, souvent ridicule) est loin d'être son point faible. Mais, au fond, à force de vouloir montrer tout le monde, le film, qui ne sait plus trop ce qu'il est (comédie ? film d'action ? space opera ?) et est agrémenté d'une musique assommante, ne montre plus rien. L'ennuie arrive vite et plus Thanos approche du but, moins on s'y intéresse. La vérité d'Avengers IW se révèle en réalité en une scène et en une thématique principale. Lors d'une séquence au Wakanda (royaume de Black Panther), une des proches du roi lui lance tout à coup : "Quand on parlait d'ouvrir le pays au monde, je pensais qu'on aurait les Jeux Olympiques ou une chaîne de fast food". Quant à Thanos, il veut prendre le pouvoir parce que, explique-t-il en substance, l'univers à des ressources limitées et qu'il faut limiter la croissance. Face à ce souci écologique, bien entendu présenté sous l'avatar d'un destructeur démoniaque, le sang des Avengers ne fait qu'un tour pour préserver un mode de vie qui ne se discute pas. Un film pour les Américains.