Je viens de voir ce dernier Avengers, et comme pour le précédant, j'y suis allé pour accompagner des amis. Je ne m'attendais pas à grand chose, je ne suis pas un grand fan de Marvel et de leur façon d'envahir le box-office depuis maintenant pas mal d'années.
Je vais faire court, j'ai été déçu, et pas qu'un peu. Mais ce qui m'a le plus étonné, c'est de voir la note abracadabrantesque de 7.5/10 au moment où j'écris ces lignes, sur une moyenne de presque 7000 notes. Je ne comprend pas cette note si élevée, et je compte donc rétablir l'ordre en représentant les sceptiques, les laissés pour compte, et me voilà, à écrire ma première critique d'une main tremblotante, soyez donc indulgents.
Par où commencer ?
Peut-être en faisant un mea-culpa pour avoir débarqué dans une salle en connaissant à peine un quart des noms des héros du film, et en ayant uniquement vu les films Avengers et Gardiens de la Galaxie à leur sortie, et Iron Man 2 il y a bien trop longtemps. Bref, comme néophyte on fait pas mieux.
Me voilà embarqué dans 2h30 du blockbuster ultime : 67 personnages au compteur. Et c'est peut-être l'une des plus grosses erreurs du film. Inclure tout ce petit monde, ça veut dire en passer beaucoup à la trappe. Le film mise alors entièrement sur la connaissance qu'a le spectateur de l'univers Marvel (j'avais pas l'air con moi tiens). Pas le temps de construire des relations pour tant de monde en si peu de temps, alors on se repose sur le travail déjà fait !
Les scènes "émotions" sont donc pour la plupart sorties de nulle part et expédiées très rapidement, parce que les trois quarts du film consistent en un concentré d'explosions, détonations, crashs, désintégrations, et autres pétarades.
Le problème c'est que ça aussi on l'a déjà vu dans les autres films Marvel. Et dans pas mal d'autres blockbusters d'ailleurs (pourquoi tous les passages dans l'espace me rappellent Star Wars ?).
Et le film va droit dans le mur à force d'en faire péter. Le nombre de plans à la minute est ahurissant, ça ne s'arrête jamais. Quand on quitte un Captain America explosant des monstres repoussants (je peux pas les décrire plus précisément ça va tellement vite au final on s'en fout de qui ils combattent), on arrive sur un Iron Man propulsant des restes de vaisseaux spatiaux sur le vilain Thanos. A vouloir installer un rythme soutenu (magnifique euphémisme), on ne le remarque même plus, et je me suis ennuyé. Profondément. A force d'explosions et d'immeubles écrasés sur les têtes de gentils et de méchants, on se lasse.
Les deux camps étant plus ou moins invincibles, la rixe devient d'autant plus lassante qu'elle paraît inutile. Jamais un combat n'aura semblé plus lent, futile et vide, malgré un bilan en dégâts matériels phénoménal. On comprend où est passé le budget ! Le générique nous le rappelle en affichant l'écrasante majorité des noms dans les catégories "special effects".
Et le Thanos tiens ! Il faut que j'en parle maintenant, mes transitions entre mes paragraphes sont déjà pas terribles. Thanos est un méchant au final hyper basique, pour un gars supposé être le roi des bad guys. L'éternel méchant qui veut tout détruire. Je lui reconnaît au moins son ambition, le bougre ne se contente pas de détruire la Terre, il veut détruire pas mal de planètes. Plus précisément détruire la moitié des habitants de la galaxie, solution radicale, s'il en est, contre la disparition inévitable des ressources naturelles, selon le grand gaillard violet.
Nous avons donc le classique profil du méchant au raisonnement manichéen, que j'ai l'impression d'avoir vu 1000 fois et pas uniquement chez Marvel.
Pourtant il y a des tentatives d’approfondir la psychologie du personnage avec quelques scènes dramatiques. Malheureusement, ça n'a pas prit (du moins pour moi), tant les scènes d'actions survitaminées dominent le film et empêchent l'installation de scènes plus lentes. Mais c'est aussi la vibe Gardiens de la Galaxie qui empêche les scènes dramas de prendre. Le film joue énormément sur l'auto-dérision, et multiplie les gags, au point de dresser le noble portrait des Avengers et leur parodie dans le même film, et même dans une même scène.
Je m'explique. L'une des vannes de Thor m'a marqué et illustre parfaitement mon propos. Voilà une petite mise en situation, comme si vous y étiez (garantie sans spoil majeur, y a tellement peu à spoiler en plus, je ne me le permettrait pas) :
Peter Dinklage (un nain) : Tu vas te faire tuer Thor !
Chris Hemsworth (Thor) : Nan ! Que si je meurs !
rire dans la salle
Certes, la blague m'a fait sourire, mais elle est surtout révélatrice du niveau pitoyable des dialogues du film qu'elle vient paradoxalement moquer. Ici, l'humour joue sur le fait que la réplique soit ridicule, là où la situation est dramatique, dressant Thor en héros badass et cool à la fois. Pas de souci à ce niveau-là, faut avouer que c'est l'un de plus classes de la bande (le seul avantage à regarder la VF c'est bien pour le doublage du Chris qui est viril à souhait).
Le problème, c'est que cette vanne reflète à elle seule la qualité du script du film entier. Au moins ce script est éco-friendly parce qu'il doit tenir en même pas 10 pages. Une moitié des dialogues est dédiées aux vannes/clashs entre héros, l'autre moitié est dédiée aux répliques de confrontations entre méchants et gentils.
"Tu vas mourir !" , "Parle pour toi salaud ", "Je t'écraserais", "Va en enfer"...
Bref, les gentils aiment pas les méchants, les méchants aiment pas les gentils, et ils adorent se le répéter pour pas oublier pourquoi ils se battent (et pour pas que le public oublie par la même occasion).
Le Palmashow devrait porter plainte, Marvel a clairement pompé... (https://www.youtube.com/watch?v=C2YQJHBsA-8 , pour ceux qui ont loupé la pépite).
Mais alors comment arrive t-on à regarder 2h30 de néant verbal ? Pas compliqué : composition épique pour la baston, violons pour l'effet dramatique. Et pourtant même sur la musique, le film se foire.
Marvel n'a jamais été au point sur les musiques. Je demanderai aux sceptiques d'effectuer ce simple petit test : essayez de meumeumer une musique d'un des films Marvel. Les musiques de Black Panther et Gardiens de la Galaxie ne comptent pas, ce ne sont pas des thèmes musicaux.
Et oui, tout le monde peut chantonner Star Wars, Indiana Jones, Harry Potter, mais personne ne peut faire de même pour Avengers, et pour aucun Marvel d'ailleurs (ce qui peuvent ne sont pas humains).
Hors la musique est centrale dans un film, et d'autant plus pour une saga, ou une franchise comme Marvel. Ici la musique sert à nous faire oublier que le script préfère l'épée à la plume, et fait tout juste le travail en rendant toute cette action presque digeste.
Autre chose qui m'a empêché de rentrer dans le film, c'est l'incohérence de nombreuses scènes. Je vais essayer de décrire ce sentiment du mieux que je peux en un paragraphe bancal, comprendra qui pourra.
Pendant tout le film, je n'ai pas pu m'empêcher de penser : pourquoi tel héros n'utilise pas tel pouvoir pour battre tel méchant ? On a des dizaines de super-héros qui a eux-tous forment le couteau suisse ultime, capables de s'adapter à toutes les situations, et pourtant le film veut continuer à nous faire croire que la moindre scène d'action peut potentiellement amener à la mort de l'un des costumés.
J'ai vite compris pourquoi les gentils "oublient" parfois certains de leur pouvoir, tout simplement parce que sinon on ne pourrait pas étirer chaque pugilat à son maximum, et c'est bien le genre de guimauve que le spectateur de base aime avoir sous la dent.
Enfin, j'aimerais faire un mot au sujet de la fin du film, et c'est là que la balise spoiler entre en jeu (mais à priori pour lire jusqu'à là vaut mieux avoir vu le film sinon y a bien moins d'intérêt à partager ce coup de gueule).
Le film prend le parti-prit de répondre à la critique la plus adressée aux films du genre, critique que je suis souvent le premier à faire : pourquoi les gentils ne meurent jamais ?
Bah oui c'est vrai, on a jamais peur pour eux ! Que voulez-vous, le happy end ce vend mieux, il conforte le spectateur, le happy end rapporte donc plus.
Et bah là j'ai été servi ! Thanos menant sa logique imparable jusqu'au bout, c'est la moitié du casting qui s'en va à la fin, quand celui-ci met à bien son plan finement réfléchi.
Pour moi c'est une fausse fin, une fin facile. En tuant tout le monde, c'est comme ne tuer personne. La disparition du personnage n'a plus de valeur. Elle n'a pas été proprement amenée, et elle est au contraire balancée en pâture aux spectateurs comme moi qui attendent de voir enfin le camp des gentils galérer pour de vrai.
Pour moi la seule "vraie" mort est celle de Gamora, qui est introduite convenablement, et arrive comme un aboutissement dans le parcours de la donzelle verdâtre, et permet d'apporter un peu de fond au paternel au passage.
Nos stars s'en vont en poussière sans réel mot de fin, de la façon la plus lisse qui soit, et comme eux, le spectateur n'a pas vraiment le temps de comprendre ce qui lui arrive.
La fin est d'ailleurs d'autant moins crédible une fois observée d'un point de vue financier. Tuer la moitié du casting c'est empêcher beaucoup trop de suites avec les fameux héros en faisant un vide au box-office.
J'attend donc avec une impatience non dissimulée comment la résurrection de tout ce beau monde sera amenée sur le plateau, mais le retour sera sûrement aussi maladroit que la sortie.
Bref le film a beaucoup, beaucoup de défauts selon moi. Pourquoi lui accorder 4 étoiles dans ce cas ? Premièrement parce que j'ai tendance à être gentil sur les notations, et si je mettais une note pire au film ça m'obligerait à revoir beaucoup trop de notes dans mon classement et j'avoue ne pas avoir la motivation pour le faire.
Dans un deuxième temps, je reconnais que le film a parfois des scènes assez jolies (cf Thanos se réveillant dans une eau limpide dans laquelle se reflète la voie lactée), parfois mêmes bien mises en scènes (cf scène de génocide contrastant avec l'adoption de Gamora par Thanos, le tout dans un même plan), et que certaines vannes m'ont fait sourire, et ça c'est toujours bon à prendre.
En somme, une salade de super-héros bien trop garnie. J'ai fait l'erreur de la goûter en simple néophyte, incapable d'en apprécier sa saveur tant acclamée par le public.