A moins de vivre dans une grotte, Vous n'avez pas pu passer à côté du phénomène Avengers, en particulier Infinity war qui détruit tout sur son passage. Entre les records d’entrée, les retours critiques et la semence de Geek qui s’étale partout sur la toile,Infiny war est partout et auréolé de toute sa gloire. Alors comment Marvel a t’il réussit a (re)transformer l’essai ?


La réponse la plus cynique consisterait à dire que Disney dispose d’une machine commerciale stalinienne. Que ce soit les cross-over ou les stand-alone de la saga, la publicité est partout. Sur chaque panneau, dans chaque recoin de paquet de céréales, à la TV, à la radio, sur internet, dans tes jeux vidéo, sur ton savon, sur ton PQ etc... Et visiblement ça marche. Le cross média couplé à la publicité invasive permet à Marvel de squatter le haut du box-office avec des films moyens voire carrément nuls depuis dix ans (Spiderman homecoming). Une médiocrité dernièrement ripolinée au féminisme et à l’antiracisme, le tout teinté de manichéisme politique à la limite du révisionnisme (Black Panther)


Mais cela suffit-il ? Non, sinon DC aurait lui aussi raflé la mise avec son Justice League, et le récent Solo a STAR WARS story ne dégringolerai pas dans les classements. Non car Infinity war n’est pas juste en tête du box-office. Il explose les records d’entrées. Et surtout, il gagne l’approbation des fans même les plus rétifs, qui retournent le voir tout en twittant des louanges sur son compte ! C’est donc bien du côté du film qu’il faut regarder pour comprendre le succès d’Infinity war et plus seulement du côté des markéteux.


Tout portait à croire que ce troisième épisode de la saga Avengers serait du même acabit que les dernières productions Marvel. Les épileptiques frères Russo une nouvelle fois aux commandes, Une énième promesse de fight spectaculaire pixelisé sur fond vert, une brochette d’acteurs dont le rapport salaire/temps d’écran frise l’indécence, et un méchant vraiment méchant en image de synthèse (la peinture violette, ça coûte trop cher) qui veut détruire le monde parce que…bah parce que ! Une redite qui dure depuis bientôt dix ans et qui semble, petit à petit, ennuyer le public, doucement mais surement. Infinity war se pose donc comme le film de la rupture. Où l’émotion n’est jamais feinte, ou les choix cornéliens s’imposent, ou le rythme est soutenu par le scénario, ou la mise en scène fait la part belle aux idées spectaculaires…Tout du moins à la première vision.


C’est vrai, en première instance, le film des frères Russo fait son petit effet et créé la surprise. On s’étonne de son parti pris radical, de ses prises de risque et du soin apporté au traitement des personnages. Mais cet étonnement n’est-il pas tout simplement dû au fait que nous n’attendions plus rien de cet univers? Que celui-ci, aussi infini puisse t’il paraître, avait fini par montrer ses frontières narratives et cinématographiques, toujours engoncées dans des logiques contractuelles de studio. Plus fort semble-t-il, Marvel arrive, avec Infinity war, à faire passer ses décisions comme autant de prises de risque, alors qu’en réalité, elles sont nées d’une logique commerciale. Un coup d’œil au calendrier Marvel permet de comprendre que ces « audaces » ne sont en rien imprudentes mais le fruit d’un savant calcul qui tente de capturer l’air du temps. On pourra également bavasser sur la cohérence du récit si on tente de rattacher celui-ci aux autres films de la franchise. La blague voulant que Thanos soit resté sur son trône pendant 18 films avant de lever son cul et de chausser son gant. Le métrage est donc une course aux Mac Guffins, au nombre total de six. A ce stade, j’aurai préféré qu’il se fasse fabriquer une moufle, ça aurait évité quelques longueurs dans le scénario.


Passé toutes ces circonvolutions autour du film, celui-ci supporte aisément une deuxième vision. On y décèle plus vite ses faiblesses, le montage cache misère, les deus ex-machina, la mise en scène parkinsonienne. Mais là où le film gagne tous ses points, c’est quand il prend réellement son univers au sérieux. Les relations entre les personnages ne font jamais toc et alourdissent la charge émotionnelle quand ceux-ci sont en danger ou confrontés à des choix cornéliens. Les frères Russo (peut être sous l’influence de James Gunn) ont enfin décidé de s’emparer de la dimension mythologique des super héros pour l’intégrer au récit, quitte à ce que les conséquences soit tragiques. Le fait d’axer le scénario sur Thanos, personnage superbement iconisé tout en restant profondément humain, fera de ce dernier le véritable héros du film comme le prouve la dernière scène du métrage, à mille lieux des standards actuels du genre.


Les fans sont donc comblés de voir arriver sur les écrans un film Marvel consistant dans lequel on se sent enfin impliqué, mais PUTAIN DE BORDEL DE MERDE ! DIX ANS ! Dix ans qu’on attend ça ! Dix ans de pubs hautes définition longues de deux heures, le post générique plein de promesse! Faut-il vraiment applaudir Marvel Studio, qui capitalise sur DIX HUIT films, pour enfin avoir fait du cinéma ?! Minimum syndical à fournir à un public qui paye pour rentrer dans la salle ? Un gamin de dix ans qui arrête de pisser au lit et va enfin sur le pot, tu le félicite pas ! T’es juste soulagé qu’il ait enfin compris le concept, même si il pisse à côté !

gordongraf
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le 7 juin 2018

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Simon Phoenix

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