Avengers : Infinity War est une parfaite adaptation de l'esprit comic-book, notamment le côté "c'est génial, mais faut avoir vu les trouzmilles bds qui sont sorties avant pour comprendre pourquoi."
Comment passer après ce film, en l'ayant vu 6 mois après tout le monde (et son chien) ? Je suis certains que quelque soit la phrase ou l'analyse que je vais donner, des tas de gens l'auront faites avant moi. Mais bon, je vais quand même en parler, ne serait-ce que pour me contredire. En effet, je critiquais Atlantide, l'Empire Perdu, en disant que c'était un film qui n'avait pas d'autres ambitions que de donner "exactement ce que le public attend" et ... c'est aussi ce que je viens de voir.
Avengers : Infinity War se présentait comme le cross-over le plus ambitieux du monde et c'est exactement ce qu'il est : le rassemblement d'au moins une vingtaine de super héros (dont seuls une poignée sont important) sur deux heures et demi de film. Et qui arrive à échapper au "bloudi-boulga indigeste" par deux artifices :
- En assumant qu'il est le dix-neuvième film (putain 19) d'une continuité logique et qu'il n'a pas a réintroduire les personnages, les objets et les événements.
- Clairement scinder l'histoire en plusieures sous-intrigues très distinctes, avec différentes équipes de personnages qui ne se croiseront pas durant le film. Le tout, relié par un fil rouge plutôt classique dans un rpg, mais : le méchant doit trouver 6 objets qu'on les héros, et ceux-ci doivent l'empêcher. Le méchant est tellement le pivot autour duquel l'intrigue se créé que le film est à sa gloire : il suit son chemin, ses errements intérieurs, ses renonciations, ses embuches. Ce qui était une très bonne idée.
A vrai dire, on est sur un cas unique de film dont le scénario est battit sur une décennie de films : depuis l'apparition des premières pierres de l'infini dans les films, en passant par le personnage de Thanos à la fin du premier Avengers, tout préparait à cela. Comme je l'ai dit sur les différents films, on y perd en unité ce qu'on gagne en globalité : les films ont maintenant un peu tous la même tonalité, basés un cahier des charges bien précis, mais au service d'un projet encore plus vaste.
Ce qui, étrangement, renvoi au personnage de Thanos, qui détruit l'individualité pour les besoins d'un projet plus vaste.
Il ne fallait pas rater le projet en question, ceci dit, avec un build up construit de longue haleine et une mythologie Marvel aussi fouillé, ça aurait été dommage. Le film donne donc ce qu'on était venu voir : Il y a des scènes d'actions sans arrêt, les mecs combinent leurs pouvoirs les plus cheatés les uns que les autres dans des scènes hallucinantes, tout le monde a le droit à son petit moment de gloire (à l'exception de Ant-Man et Hawkeye) il y a une punchline toute les deux phrases et celles-ci sont des modèles de concisions : vu le nombre d'événements du film, autant ne pas tourner autour du pot. Mieux, sachant qu'un projet d'une telle ampleur comportera son lot d'incohérence, le film se marre de ses propres erreurs de scénarios. ("Mais pourquoi elle s'est pas battue plus tôt ?")
Et le scénario est assez redondant, dans le sens où le dilemme des héros est TOUJOURS le même. Mais est-ce qu'au final, ce n'est pas voulu par les scénaristes ? En effet, celui-ci est basé sur une opposition assez basique : l'empathie des humains contre la raison froide du tyran. Si le super-méchant à une vision très "mathulsanienne" (et stupide) et "la fin justifie les moyens" de ce qu'il doit faire, ils en font un personnage hanté entre raison et sentiment et qui choisit délibérement la raison. Là où les super-héros font le choix inverse.
ET PERDENT COMME DES MERDES !
De plus, les mecs se permettent de luxe de finir sur l'un des cliffhanger les plus badant et les plus marquant que j'ai vu dans un blockbuster (Et j'en ai vu du cliffhanger de SF marquant) Un peu dommage que celui-ci soit trahi par les titres des prochains films Marvel, mais c'est une idée de ouf, qui fera date d'autant plus que la suite n'aura pas lieu avant un an. Et que, comme bien des soufflé, il est totalement possible que l'intrigue retombe très vite dans le prochain.
Marrant aussi à quel point on s'est moqué de DC parce qu'ils avaient fait exactement la même erreur : finir un film par la mort d'un de leur super-héros alors que celui-ci est annoncé dans une prochaine production. Ainsi, lorsque j'ai vu que parmis les morts se trouvait le Docteur Strange, j'ai cessé un peu de croire que ces morts allaient être définitives.
D'autant plus que si l'on réfléchi bien, il est difficile de continuer des productions dans un monde où la moitié des êtres humains auraient subitement disparus, d'une part, parce que comme l'a souligné certains, leur disparition soudaine risque d'entrainer la disparition des autres, à l'image de cet hélicoptère dans la scène post-générique, qui s'écrase soudainement sur un immeuble, et d'autre part, parce qu'on ne peut plus avancer. Je veux bien qu'on fasse des films qui se passe "avant les événements" mais à un moment ça risque d'être handicapant d'avoir des histoires se situant dans le passé. Sans parler des séries : je vois mal les productions Marvel/Netflix devoir soudainement amputer la moitié de leur personnages pour suivre la logique des films.
Il n'empêche, que ce final, par son côté graphique, son "choc value" et son apparence de victoire du méchant (qui est filmée comme la victoire d'un héros, se recueillant face au soleil) est hyper marquante. Même en se disant "ok, ils finiront bien par ressusciter" on arrive à l'apprécier pour ce qu'il est, d'autant plus qu'on peut analyser pendant des heures la dualité : "ceux qui restent" vs "ceux qui partent."(Thanos et Tony Stark perdant tous les deux un de leur "enfant adoptif.") Ce qui est un grand tour de force du film.
Avengers : Infinity War est l'aboutissement d'une logique qui pouvait sembler absurde et bancale : transcrire l'esprit des comic-book au cinéma, en divisant les histoires en arc. Et je suis le premier étonné de voir que ça a fonctionné. Mais étrangement, alors que le film fera date, son statut d'oeuvre venant après 18 autres films en fait définitivement quelque chose de problématique.