Avengers : guère bon

Ouvrant le bal des mastodontes à paraître cette année, Avengers : L'Ère d'Ultron était naturellement attendu au tournant fort d'un précédent opus plus qu'apprécié ; Joss Whedon ayant d'autant plus rempilé à la réalisation, l'espoir d'assister à une dantesque suite faisait ainsi écho à l'aguichante phase II Marvel (initiée avec Iron Man 3).

Gageant que le papa de Buffy saurait éviter le piège de la redite, j'escomptais comme beaucoup une suite plus mature, qui tout en reprenant cette fameuse aura humoristico-épique parviendrait à nous faire vibrer au gré d'une intrigue plus sombre comme travaillée ; et franchement, difficile de ne pas faire état d'un semblant de déception de ce côté-ci, L'Ère d'Ultron apparaissant au bout du compte comme un volet à la fois sympathique et en deçà de ses pleines capacités.

Au contraire d'un Avengers bénéficiant de l'effet nouveauté, ce long-métrage ne surprend que trop peu pour véritablement enthousiasmer, le scénario somme toute réussi n'entretenant qu'un brin de suspense insuffisant en l'espèce ; pourtant, Ultron s'avère être un antagoniste plutôt marquant, certainement inférieur à un Loki absent ici, mais tout de même efficace.

Le problème étant que celui-ci a beau convaincre, la mise à mal des invincibles super-héros n'a rien de grisant tant elle est légère ; Captain America et consorts s'en tirent donc sans trop de mal, tandis que les nouveaux venus que sont Wanda et Pietro n'apportent pas autant qu'espéré (avis mi-figue mi-raisin en ce qui concerne l'étrange Vision), à l'image du dénouement dispensable concernant ce dernier (un instant supposément tragique qui ne fait clairement pas mouche).

Sans revenir sur les inévitables ficelles propres à un blockbuster de cet acabit, l'ensemble n'en demeure pas moins suffisamment fluide pour accrocher, tandis que l'équilibre entre humour et action est toujours aussi bien maîtrisé par Whedon ; et si les dialogues et autres situations comiques sont ainsi salvateurs, il convient de saluer un approfondissement des personnages bienvenus, L'Ère d'Ultron développant ses figures fétiches avec une certaine justesse.

Autrement, le grand spectacle est lui assuré sans anicroches (à l'exception d'une séquence introductive formatée), le film s'offrant notamment le luxe d'opposer un Hulk déchaîné au fameux Hulkbuster au travers d'un affrontement dantesque ; un ensemble fort impressionnant donc, à même de compenser les imperfections criantes d'une trame à demi satisfaisante, qui se voit notamment portée par ses incontournables Vengeurs.

L'Ère d'Ultron a ainsi le mérite d'arborer des tenants et aboutissants humains (ou s'en rapprochant), de quoi étoffer dans une moindre mesure ses prétentions et arguments primaires ; si celui-ci ne fait donc pas aussi bien que son aîné, on ne boude pas pour autant notre plaisir... à ceci près que l'on ne peut être que circonspect en ce qui concerne la future suite.

Thanos daignant enfin (il serait temps) intervenir, il me tarde de voir l'orientation que prendra la phase III de Marvel, et la place qu'occupera cette nouvelle équipe on ne peut plus hétéroclite (de prime abord ça n'est pas aussi réjouissant que la précédente) ; que de spéculations en somme, tout ceci pour dire que Whedon s'en tire plutôt bien malgré tout, mais que L'Ère d'Ultron aurait gagné à être plus grave dans son essence... la tension en découlant aurait été plus que bienvenue !